Croisière : Carnival face à un nouveau fiasco un an après le Concordia

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éro un mondial des croisières Carnival, le 15 février 2013 en Floride (Photo : Karen Bleier)

[16/02/2013 11:43:31] NEW YORK (AFP) Un an après le tragique naufrage du Concordia, le numéro un mondial des croisières, Carnival, fait face à un nouveau fiasco médiatique qui révèle les travers de la croissance ultra-rapide du secteur ces dernières années.

Le paquebot endommagé Carnival Triumph a accosté jeudi à Mobile (Alabama, sud des Etats-Unis) à l’issue d’une croisière cauchemardesque pour quelque 4.000 passagers et membres d’équipage en détresse, après un moteur tombé en panne durant le week-end.

Les reportages se sont succédés dans le monde entier pendant toute la semaine sur les conditions sanitaires désastreuses à bord, avec des vivres rares et des sanitaires débordant d’excréments.

L’incident rappelle celui de l’Allegra, paquebot de la filiale de Carnival Costa Croisières, en mars 2012: des centaines de passagers s’étaient alors retrouvés au large des Seychelles pendant trois jours dans un navire privé d’électricité, de toilettes et de nourriture chaude après un incendie.

Mais l’année 2012 avait commencé pour Carnival par un incident bien plus grave: en janvier, le Costa Concordia avait fait naufrage sur les côtes d’une île toscane avec 4.229 personnes à bord, faisant 32 morts.

“Le casse-tête de relations publiques auxquels fait face Carnival à cause des avaries sur son bateau rappelle aux investisseurs le désastre du Concordia en 2012” et celui de l’Allegra, souligne Standard & Poor’s Capital IQ dans une note.

Mercredi, Carnival, plus gros croisiériste au monde avec 100 navires, a publié un avertissement sur ses résultats évaluant à 8 à 10 cents par action au premier trimestre l’impact de l’incident sur ses comptes.

Le site 247wallst.Com estime que l’annulation de 12 croisières suite aux problèmes sur le Triumph “va entraîner des résultats plus faibles que prévu sur deux trimestres”, sans compter l’impact des annulations potentielles de réservations à cause de l’incident.

S&P Capital IQ et Goldman Sachs ont abaissé leurs prévisions de performance pour l’action et les bénéfices du croisiériste.

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ère Carnival Victory, le 15 février 2013 en Floride (Photo : Karen Bleier)

L’incident de cette semaine n’a eu qu’un impact modéré sur l’action: elle a perdu 4,6% à 36,92 dollars en cinq jours alors qu’elle avait dévissé de 15%, tombant sous 30 dollars, la semaine ayant suivi le naufrage du Concordia.

La tragédie du Concordia et l’avarie de l’Allegra n’avaient eu qu’un effet temporaire sur l’action, qui avait fini l’année 2012 proche des 40 dollars.

S&P Capital IQ relativise aussi l’impact des problèmes du Triumph sur le titre de Carnival en soulignant que le groupe a prévu un milliard de dollars de rachats d’actions cette année ce qui devrait maintenir l’intérêt des investisseurs.

Les comptes de Carnival, qui ne sont pas encore publiés, devraient s’afficher en baisse sur l’année 2012: sur les neufs premiers mois de l’année ils avaient déjà souffert des retombées du naufrage du Concordia avec un chiffre d’affaires en recul de 2,5%, à 11,8 milliards, et un bénéfice net en baisse de 41%, à 1,2 milliard.

Les problèmes de Carnival, qui ont terni la réputation du secteur tout entier, ont pesé sur les comptes du croisiériste américain Royal Caribbean Cruises, numéro deux mondial, qui a vu son bénéfice fondre de près de 30% en 2012, à cause du Concordia, de la crise économique en Europe et de l’ouragan Sandy aux Etats-Unis.

Un autre groupe américain, Norwegian Cruise Line, a moins pâti des déboires de Carnival: ses ventes ont augmenté de 2,6% à 2,8 milliards de dollars pour un bénéfice en hausse de 33%.

Ces dernières années, le marché a connu une très forte croissance: +7% par an en moyenne en termes de passagers depuis 1990, d’après le site spécialisé Cruisewatch.com.

Les bateaux notamment sont devenus des géants sur mer: les bateaux qui avaient jusque-là une capacité de 2.500 passagers en moyenne sont fréquemment remplacés par des bateaux de plus de 4.000 passagers, ce qui a permis de baisser les prix et d’ouvrir ce genre de voyages à un plus grand nombre.

Mais cette expansion rapide a pu peser sur la qualité et la sécurité, comme le suggèrent les multiples avaries de Carnival.