élections en Equateur préparent une salle pour la soirée électorale de dimanche 17, le 16 février 2013 à Quito (Photo : Rodrigo Buendia) |
[16/02/2013 22:19:41] QUITO (AFP) Il a longtemps semé la panique au FBI, mais désormais son génie rassure: Kevin Mitnik, l’ancien hacker le plus recherché des Etats-Unis, a été recruté en Equateur comme gardien de l’élection présidentielle de dimanche.
Légende du piratage informatique, ce Californien de 49 ans s’est renconverti en consultant de luxe pour les entreprises et les gouvernements, après avoir purgé une peine de cinq ans dans une prison américaine entre 1995 et 2000.
“Il y a dix-huit ans qu’on m’a attrapé pour pirage illégal. Aujourd’hui, je fais la même chose mais avec une autorisation totale. C’est trop bon !”, s’exclame-t-il à son arrivée à Quito, dans un entretien exclusif accordé à l’AFP.
Recruté par la société privée Lock Net, chargée du comptage informatique des suffrages, Kevin Mitnik, placé sous la protection de trois gardes du corps, reste tenu à un devoir de réserve sur le scrutin en Equateur, où le chef de l’Etat sortant Rafael Correa est donné largement favori.
Son ordinateur toujours sous le bras, il est en revanche intarissable sur cette passion dévorante qui l’a conduit à s’introduire durant une quinzaine d’années dans le système de compagnies téléphoniques prestigieuses comme Pacific Bell, Motorola ou Nokia.
“Depuis que je suis gamin, la magie me fascine. J’ai découvert qu’il y avait un peu de cela dans le piratage. En plus, c’est très marrant”, lance-t-il, en se remémorant son premier exploit à l’âge de 16 ans: une intervention dans le site d’un fast-food pour exhorter les obèses à éviter les hamburgers.
Les gros ennuis commencent lorsqu’il commence à taquiner les services du FBI et du Pentagone, que ses exploits sont loin de faire sourire.
Premier hacker classé dans la liste des dix criminels les plus recherchés aux Etats-Unis, il échappe pendant deux ans à la traque des plus fins limiers américains, dont il pirate les lignes téléphoniques, avant de se faire arrêter, trahi par un rival japonais, un autre génie de l’informatique.
“Avec le FBI, on a joué au chat et à la souris. Je m’infiltrais dans leur portables pour connaître leur localisation”, raconte cet homme aux allures d’éternel adolescent, qui s’amusait à laisser des boîtes de beignets aux policiers lancés à ses trousses.
Ses motivations n’ont jamais rien eu de malhonnête, assure ce pirate, invoquant “le défi intellectuel, l’aventure et l’adrénaline”.
“Je n’ai jamais volé ou utilisé une information confidentielle”, insiste Kevin Mitnik, déplorant que les Etats-Unis l’aient considéré comme une “menace pour la sécurité nationale”.
Ironie de l’histoire, le gouvernement de Quito, qui utilise aujourd’hui ses services, s’est distingué pour avoir offert l’asile politique à un autre célèbre internaute qui a vivement irrité les Etats-Unis, le fondateur australien de WikiLeaks, Julian Assange.
éparatifs avant les élections générales en Equateur, le 16 février 2013 à Quito (Photo : Rodrigo Buendia) |
Réfugié depuis huit mois dans l’ambassade équatorienne à Londres, ce dernier est présenté comme la victime d’une “persécution” par le président Correa, un dirigeant socialiste au ton volontiers critique envers la Maison blanche.
Même s’il reste opposé au piratage informatique à des fins politiques, Kevin Mitnik défend le fondateur du site qui a révélé des milliers de câbles diplomatique confidentiels.
“Assange a seulement publié l’information, je ne vois pas en quoi c’est un criminel”, assure-t-il, en pointant les failles dans le système de sécurité américain.
Pour ce “hacker” repenti, qui a publié il y a deux ans son autobiographie, le piratage, “de plus en plus facile à pratiquer sur les réseaux sociaux”, a mis en évidence “l’un des plus grands problèmes de sécurité informatique du siècle”.