L’initiative de Hamadi Jebali ne serait pas couronnée de succès, d’après des sources proches du gouvernement. Jebali a été lâché non seulement par ses troupes et le Majliss Al Choura -la constituante parallèle- mais aussi les prétendus défenseurs de la démocratie et du progressisme en Tunisie.
Aux dernières nouvelles, d’après Shems FM, le président du Conseil de la Choura du mouvement Ennahdha, Fathi Ayadi, aurait déclaré à la fin des travaux du conseil, dimanche 17 février à Hammamet, que le parti se rapproche de la composition d’un gouvernement de coalition avec une éventuelle participation d’Al Joumhouri.
Ennahdha mène toujours la barque, écartant son secrétaire général qu’elle voulait zapper depuis quelques temps déjà depuis qu’il a montré des velléités d’indépendance et a choisi le camp de sa patrie plutôt que de son parti. C’est comme cela dans les sectes, quand on y entre, on n’en sort plus au risque d’y perdre les ailes et son avenir politique.
Néjib Chebbi, soi-disant militant démocrate qui a refusé pendant des mois d’intégrer le gouvernement lorsque toutes les composantes politiques avaient adopté le principe d’un gouvernement de sauvetage ou d’union nationale, est devenu tout d’un coup plus conciliant.
Il serait ouvert à un gouvernement mitigé, proposition faite par l’aile dure d’Ennahdha, qui ne peut et n’admettra jamais de quitter le pouvoir, et ce pour les décennies à venir, car il veut éviter au pays un face-à-face dangereux, semble-t-il. Que cache la docilité soudaine de Néjib Chebbi? Une promesse d’une candidature à l’investiture suprême? Des accords sous la table qui lui faciliteraient plus la vie dans son parti –ou ce qui en reste? Ou mieux encore, un sens patriotique aiguisé visant à éviter au pays des drames que l’on pourrait esquiver en se soumettant aux maîtres du moment?
Espérons que ses vœux seront exaucés. Car à tous ceux qui pensent à de prochaines «élections démocratiques», avec Ennahdha de Ghannouchi, incarnation des frères musulmans et de «Rabitati oulema Al Mouslimine», l’amour, c’est pour toujours… Bonjour l’Iran!
D’un autre côté, Issam Chebbi affiche un non catégorique à une coalition avec Ennahdha. Mais alors, que cachent les arcanes d’Al Joumhouri? Des querelles intestines ou un Néjib Chebbi jouant cavalier seul?
Quant au CPR qui a volé en éclat dans la soirée du dimanche 17 février, il serait devenu quantité négligeable dans l’équation «démocratique». Mohamed Abbou, secrétaire général démissionnaire, envisagerait de fonder un nouveau parti.
Maatar, pour lequel le poste de ministre est une question de vie ou de mort, projetterait de poursuivre juridiquement toutes les parties ayant appelé à la formation d’un gouvernement de technocrates, considérant cette initiative comme «contraire à la légitimité», soit près de 73% de la population tunisienne. Les tribunaux auront du boulot à faire…
Pour rappel, ceux qui parlent d’une mise à l’écart de l’ANC se trompent lourdement car sa tâche première est de rédiger une Constitution et non de surveiller le travail du gouvernement. Seulement une ANC à majorité nahdhaoui se doit de préserver sa suprématie sur le gouvernement et l’Etat pour pouvoir démanteler l’Administration à satiété, y injecter des centaines de fidèles et sécuriser la prochaine phase de gouvernance pour s’octroyer la part du lion.
Jebali avait peut-être compté sur toutes les forces démocratiques lorsqu’il a lancé son initiative, malheureusement, il s’est gouré comme une grande partie des Tunisiens qui ont cru en ces forces démocratiques, patriotiques et progressistes. Car une partie d’entre elles a toujours négocié la Tunisie avec les maîtres du moment, c’est ce qui faisait que, du temps de Ben Ali, elle n’était pas aussi virulente. Aujourd’hui nous réalisons qu’une partie de l’opposition était castrée de fait et que Ben Ali n’avait fait que profiter de leur prédisposition à se vendre pour y mettre le bon prix.