à Bâle (Photo : Sebastien Bozon) |
[19/02/2013 14:53:54] ZURICH (AFP) Le géant pharmaceutique Novartis a fait machine-arrière mardi sur le parachute doré de Daniel Vasella, le président sortant de son conseil d’administration, face à la levée de boucliers sur ces indemnités faramineuses.
Dans un communiqué, le groupe pharmaceutique bâlois a annoncé que le conseil d’administration était parvenu à un accord avec Daniel Vasella pour annuler une clause de non-concurrence et les indemnités qui y étaient associées lorsque celui-ci renoncera à ses fonctions, le 22 février.
L’accord prévoyait un montant total maximal de 72 millions de francs suisses (60 millions d’euros), en échange d’un engagement de non-concurrence.
“Nous pensons que cette décision d’annuler l’accord et toutes les compensations qui y sont liées répond aux inquiétudes des actionnaires et des autres parties prenantes”, a déclaré dans un communiqué le professeur Ulrich Lehner, l’actuel vice-président du conseil d’administration qui assurera l’interim à la tête du groupe jusqu’au 1er août.
Vendredi, un article du blog Inside Paradeplatz, un site financier suisse, avait mis le feu aux poudres en évoquant une somme colossale prévue pour l’ancien patron de Novartis.
Dans un entretien accordé le soir même à la télévision suisse alémanique, Daniel Vasella avait expliqué qu’il prévoyait de faire don de tout ou partie de cet argent.
Son parachute doré avait déclenché une pluie de critiques dans les milieux économiques et politiques. Le ministre Johann Schneider-Ammann, membre du Parti Libéral-Radial, de droite, avait déclaré ne pas comprendre une telle indemnité.
Mardi, de nombreuses organisations se sont donc félicitées de ce revirement.
“Nous saluons cette décision qui est le fruit des pressions de tous bords”, a déclaré à l’AFP Cristina Gaggini, directrice pour la Suisse romande de l’association patronale Economiesuisse.
Ces indemnités avaient été considérées comme une véritable provocation alors que les électeurs helvètes doivent voter dans moins de deux semaines sur une initiative sanctionnant les rémunérations abusives, dite “initiative Minder”.
“Dans ce contexte, ce revirement est une bonne nouvelle”, a estimé Cristina Gaggini alors que cette association patronale s’oppose ouvertement à l’initiative Minder.
Les organisations de représentation des actionnaires, telles que la fondation Ethos ont également salué cette décision.
“Ethos considère que l’annulation du contrat de non-concurrence de M. Vasella est la seule chose raisonnable que pouvait faire le conseil d’administration”, a indiqué un porte-parole de cette fondation qui représente 141 des fonds de pension en Suisse.
La fondation, qui avait réclamé l’annulation du contrat, a indiqué qu’elle votera en conséquence en faveur de la décharge du conseil d’administration lors de l’assemblée générale du 22 février.
La décharge est la procédure par laquelle les actionnaires donnent leur quitus aux décisions du conseil d’administration.
Actares, une autre organisation actionnariale qui propose également des consignes de vote, a en revanche précisé qu’elle continuera de s’y opposer.
De son côté, Hans-Jacob Heitz, un avocat spécialisé dans la défense des petits actionnaires, a considéré que le conseil d’administration de Novartis avait fait un pas dans la bonne direction mais n’avait fait cependant que la “moitié” du chemin.
Lundi, cet avocat zurichois avait déposé une plainte pénale contre Daniel Vasella, précisant qu’il ne comptait pas retirer sa plainte tant qu’il n’aura pas entre les mains un document prouvant que l’argent a bien été reversé à Novartis.