à Lisbonne le 19 novembre 2012 (Photo : Miguel Riopa) |
[20/02/2013 13:56:10] LISBONNE (AFP) Le gouvernement portugais a admis pour la première fois mercredi avoir besoin d’un an de plus pour redresser ses finances alors que les mesures d’austérité qu’il met en oeuvre sous la tutelle de ses créanciers internationaux ont plongé le pays dans la récession.
Il est “raisonnable” d’espérer que la Commission européenne propose “un prolongement d’un an du délai accordé au Portugal pour corriger son déficit budgétaire excessif”, a déclaré lors d’une audition parlementaire le ministre des Finances, Vitor Gaspar.
Cette “proposition”, que le ministre a ainsi présenté comme une initiative de la Commission, doit intervenir lors de la prochaine évaluation par ses bailleurs de fonds des réformes mises en oeuvre par le gouvernement de centre-droit en contrepartie du plan de sauvetage de 78 milliards d’euros dont l’échéance est prévue en 2014.
La mission des représentants de la troïka composée par la Commission européenne, la banque centrale européenne et le Fonds monétaire internationale doit débuter lundi prochain et revêt une importance cruciale alors que la situation économique du pays s’est nettement détériorée fin 2012.
Ainsi, selon l’Institut national des statistiques, le Portugal a enregistré en 2012 un recul du PIB de 3,2%, tandis que le gouvernement de centre-droit et la troïka prévoyaient une contraction de 3%.
Parallèlement, le chômage a atteint au dernier trimestre 2012 le taux record de 16,9%, contre le taux de 16,4% prévu pour l’ensemble de l’année 2013.
Face à cette aggravation, M. Gaspar a dû revoir à la baisse ses prévisions pour indiquer que selon son “appréciation provisoire”, l’économie devrait reculer cette année de 2% et non de 1% comme prévu précédemment. La Banque du Portugal avait déjà estimé que le recul en 2013 serait de 1,9%.
La possibilité que les créanciers du pays lui accordent un an de grâce supplémentaire ne serait pas inédite car ils ont déjà consenti en septembre dernier un allégement des objectifs budgétaires, avec un déficit revu à 4,5% du PIB pour 2013, contre 3% selon la première version du plan d’aide financière négocié en mai 2011.
Après avoir procédé en 2012 à des réductions des salaires et des pensions, le gouvernement a décrété une hausse généralisée des impôts en 2013 et prévoit, d’ici 2014, de réduire les dépenses publiques de 4 milliards d’euros par le biais d’une “réforme de l’Etat”.
“Au bord de la tragédie sociale”
Mais les mesures d’austérité ont provoqué une hausse sensible du mécontentement populaire qui s’est exprimé au cours des derniers mois par une multiplication des grèves et des mouvements de protestations.
érité dans les rues de Lisbonne, le 16 février 2013 (Photo : Patricia de Melo Moreira) |
Samedi dernier, plusieurs milliers de personnes ont manifesté contre la rigueur à travers le pays à l’appel du principal syndicat portugais, la CGTP, tandis que des mouvements citoyens apolitiques ont prévu une manifestation à Lisbonne le 3 mars.
Un nouvel allégement des objectifs correspond à une exigence du Parti socialiste, principale formation d’opposition, qui depuis longtemps réclame un délai supplémentaire pour que le pays puisse respecter ses engagements.
Le chef du PS Antonio José Seguro s’est même récemment adressé directement aux créanciers pour leur demander plus de souplesse affirmant que l’excès de rigueur avait placé le pays “au bord de la tragédie sociale”.
Lors de son audition parlementaire de mercredi, le ministre des Finances a semblé répondre à ce message en indiquant notamment que la prochaine mission de la “troïka” devrait ouvrir une “nouvelle phase” du programme de redressement financier qui donnera “la priorité à la relance des investissements”.
Le gouvernement conserve toutefois un atout majeur, la confiance de ses bailleurs de fonds, dont les examens se sont jusqu’à présent toujours soldés par des satisfécits.
Cette confiance s’est même renforcée après que le Portugal a réussi, fin janvier, son premier emprunt à moyen terme depuis sa demande d’aide internationale, un premier pas jugé crucial afin de retrouver son indépendance financière.