Il a joué, il a perdu. Il a la décence de s’en aller. Pourquoi laisser croire à son retour? A bien y regarder, et indépendamment de la -longue- liste des 20 nominés, le remplaçant semble tout désigné. Et le gagnant est… ?.
C’est ce qui arrive quand on joue avec plus fort que soi. Ce n’est pas bien commode de se mesurer aux plus grands. Quoique Hamadi Jebali a cherché à s’élever par la grandeur de son choix: son dévouement à la Tunisie. Noble cause qui justifie que l’on s’y sacrifie. Hamadi Jebali a donné le sentiment de jouer le coup, avec fair play. On lui a pipé les dés, il a perdu.
On découvre, après coup, que le chef du gouvernement n’avait que son patriotisme pour seule arme, ça ne suffit pas. En politique comme à la guerre, il faut ruser. C’est pourtant un Hadith avéré. La chose lui a-t-telle échappé? Qu’importe désormais, c’est du passé et ça n’intéresse plus que les historiens.
Jebali s’y est pris comme un flambeur. Jouant tapis, il a laissé sa mise. Honnête homme -et l’histoire le lui retiendra-, il rend le tablier. La place est vacante. Qui pour le job? Curieusement, la situation fait revenir le Dr Marzouki, dans la partie, le propulsant dans l’œil du cyclone. Qui sera son candidat?
Hamadi Jebali doit tirer sa révérence
Blaise Pascal disait que «le malheur de l’individu vient de son inconséquence». HJ s’est-il trompé dans le choix des armes? On lui a fait barrage avec la «Mallyounia». Que pouvait-il contre la rue? Mais, le peuple, bonté divine, ça tombe sous le sens. Que n’a-t-il accédé à la demande de ceux qui le conviaient à organiser le congrès NATIONAL contre la violence ? Il serait allé jusqu’au bout de sa logique, il aurait eu les masses populaires avec lui. Il se serait plébiscité. L’imprimatur, dans les conditions où il se trouvait, était à ce prix. Il a choisi la Tunisie. D’accord. A présent que peut-il lui dire dans les yeux? Que la crise perdure. Il voulait nous éviter une déflagration le 6 février. Soit! A-t-il pour autant déminé le terrain? N’étant pas homme d’appareil, il n’a pu renverser la vapeur. Il laisse donc un seul maître à bord. Le souci du moment est: causa fare? Pouah, bad question. Et pourtant, le spectacle va continuer. Avec qui?
Mais bien sûr, c’est lui !
Hamadi Jebali a bien savonné la planche à son successeur. Quel qu’il soit, son remplaçant apparaîtra comme l’otage du maître du pays, c’est-à -dire le président du parti dominant. Tout successeur, aux yeux de l’opinion, sera, d’une façon ou d’une autre, téléguidé par le Deus Ex Machina, du moment. Tel le «Montplaisir» du prince.
Car, le bureau “ovale“ n’est ni à La Kasbah, ni au Bardo ni à Carthage. Le président d’Ennahdha a fait capoter l’initiative de Hamadi Jebali. Mister Rached a mobilisé la ‘’Mallyounia’’. Docteur Ghannouchi a trouvé l’antidote à l’initiative pour les technocrates. Il valide les politiques, avec un certain panachage, mais tout de même les politiques.
Sa recette est la panacée, soutient-il, en substance. Il est donc, le plus indiqué pour la conduire sur terrain. Que va chercher Majlis Echoura à aligner 20 nominés? Il faut bien se dire que le prochain candidat se saura sans avenir car interdit de se présenter, et assis sur un siège éjectable, ne serait pas motivé pour réussir. Car s’il réussit, les autres récolteront les fruits de son succès.
Unique commandeur de la machine du parti, pourquoi laisser le président d’Ennahdha à son confort de première loge? Le président de la République serait bien inspiré de le charger de former le prochain gouvernement. Ce serait une façon de l’envoyer au «charbon». Il a bien les attributs de l’homme providentiel. Il remplit bien la condition. Pourquoi hésiter?