Téléphonie : le parcours du combattant d’un inventeur de génie au Brésil

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é Nicolai, inventeur du système de présentation du numéro sur les téléphones mobiles, le 14 février 2013 à Brasilia (Photo : Pedro Ladeira)

[21/02/2013 09:19:49] BRASILIA (AFP) Grâce à son invention, il devrait être millionnaire, mais Nelio José Nicolai, inventeur du système de présentation du numéro utilisé par des opérateurs de téléphonie mobile du monde entier, lutte encore pour la reconnaissance de ses droits 15 ans après l’émission de son brevet au Brésil.

“Etre Bill Gates ou Steve Jobs aux Etats-Unis, c’est facile, mais je voudrais bien voir l’un d’entre eux être inventeur au Brésil”, lance à l’AFP Nicolai, 72 ans et ex-footballeur devenu technicien en télécommunications avant de se découvrir inventeur.

Sans emploi depuis 1984, Nicolai est reconnu par l’Institut national de la propriété industrielle (INPI) brésilien comme le détenteur de 41 brevets, dont celui du système BINA (B identifie le numéro de A), ou identification de l’appelant, qui révèle à une personne recevant un appel le numéro de l’appelant.

“Cela a changé la téléphonie cellulaire!”, affirme-t-il fièrement, se rappelant avoir à l’époque de son invention reçu de nombreux honneurs au Canada et aux Etats-Unis. En 1996, il avait même reçu une médaille de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle. Mais au Brésil, ce fut une autre histoire.

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é Nicolai montre le brevet brésilien du système BINA, le 14 février 2013 à Brasilia (Photo : Pedro Ladeira)

En 1997, après cinq ans d’attente, Nicolai recevait son brevet brésilien de BINA. Le précieux document en main, il a sollicité les opérateurs de téléphonie mobile de son pays pour obtenir le petit pourcentage qui lui était dû, mais il s’est heurté à un mur.

“Une des entreprises m’a dit: +Va en justice, peut-être que tes arrière petits-enfants percevront quelque chose+. J’ai donc décidé de défendre les droits de mes arrière petits-enfants”, raconte-t-il.

Au long de cette bataille judiciaire entamée il y a près de 15 ans, Nicolai explique que les entreprises ont modifié son invention, lui donnant même un nouveau nom: l’identificateur d’appels (IDL). Ce nom n’a toutefois pas pu être déposé au Brésil malgré leurs tentatives en raison des procès en cours.

S’il recevait ce qui lui est dû pour l’utilisation de sa technologie dans le seul Brésil (il n’a déposé un brevet que dans ce pays), Nicolai serait millionnaire. Le pays compte plus de 250 millions de lignes mobiles actives, et les compagnies facturent en moyenne 5 dollars mensuels le service d’identification du numéro, ce qui leur rapporte plus d’un milliard de dollars, selon l’avocat de Nicolai, Luis Felipe Belmonte.

En marge de ses procès contre les opérateurs Claro (du milliardaire mexicain Carlos Slim) ou Vivo (du groupe espagnol Telefónica), la situation financière de Nicolai s’est dégradée au point qu’il s’est trouvé à deux doigts de l’expulsion de son domicile.

Aux abois, il a donc été contraint d’accepter une transaction financière avec Claro, qui lui a versé 0,25% de ce qu’il réclamait. Le montant perçu est confidentiel, mais il lui a permis de faire l’acquisition d’une belle maison à Brasilia, d’une berline neuve de marque allemande et de suivre plus sereinement les autres procès en cours.

Au Brésil, l’enregistrement d’un brevet coûte jusqu’à 1.500 dollars et les délais peuvent atteindre huit ans.

“Le principal problème est l’attente”, qui rend difficile la commercialisation des idées, reconnaît Jorge Avila, le président de l’INPI, qui reçoit chaque année quelque 35.000 demandes de brevet.