éphane Le Foll (d), après une réunion avec le secteur agroalimentaire, le 21 février 2013 à Paris (Photo : Thomas Samson) |
[21/02/2013 19:05:40] PARIS (AFP) Le scandale de la viande de cheval camouflée en boeuf va bien au delà de la seule entreprise française Spanghero et, pour la première fois, Paris a évoqué publiquement jeudi la piste d’autres “filières” impliquées dans cette fraude aux ramifications internationales.
Deux enquêtes, judiciaire et sanitaire, sont en cours dans l’Hexagone sur Spanghero, première société mise en cause pour tromperie.
Les résultats du volet sanitaire seront connus vendredi. La procédure judiciaire, ouverte par le Parquet de Paris, devra déterminer les responsabilités éventuelles, notamment parmi les dirigeants de l’entreprise.
Mais la répression des fraudes (DGCCRF) mène parallèlement d’autres investigations discrètes dans la grande distribution, en quête d’autres circuits d’approvisionnement frauduleux.
“Il pourrait (…) apparaître qu’il n’y ait pas qu’une seule filière concernée par cette substitution de viande de cheval en lieu et place de viande de boeuf”, a déclaré jeudi le ministre de la Consommation, Benoît Hamon, sans attendre les résultats des prélèvements en cours.
Son homologue de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, a laissé au placard le conditionnel: “Ce qui s’est passé est une fraude généralisée”, a-t-il estimé.
“Il y a des enquêtes à l’échelle européenne. Nous avons saisi d’ailleurs Europol parce que nous pensons que tout ça n’est pas simplement un circuit entre ce que vous savez, la Roumanie, les Pays-Bas et la France”, a-t-il insisté.
Selon la DGCCRF, “plusieurs entreprises” françaises ont signalé la découverte de cheval dans des produits à base de boeuf, en dehors des 4,5 millions de plats cuisinés fabriqués à partir de viande chevaline achetée par Spanghero puis écoulée sous un faux étiquetage “viande bovine”.
Ces plats ont été vendus à au moins 28 entreprises comme Findus et ont atterri dans 13 pays européens avant d’être retirés de la vente.
Les enquêteurs travaillent “à identifier la cause de la présence de viande de cheval et la filière d’approvisionnement concernée”, même si, “à ce stade, il n’est pas possible de déterminer dans quelle mesure les différents événements sont liés”, a précisé à l’AFP une source de la DGCCRF.
Les soupçons de fraude à beaucoup plus vaste échelle ont été avivés cette semaine par les retraits de nouveaux plats suspects effectués dans huit pays (France, Portugal, Espagne, Italie, Belgique, Suède, Danemark, Finlande) par le distributeur allemand Lidl et le géant suisse Nestlé.
Numéro un mondial de l’alimentation, Nestlé a retrouvé du cheval dans des préparations destinées notamment à la restauration collective à base de viande achetée à H.J. Schypke, sous-traitant allemand de JBS Toledo, filiale belge du géant brésilien de la transformation du boeuf JBS.
Lidl Finlande a évoqué de son côté des soupçons pesant sur la viande de la conserverie allemande Dreistern.
Jeudi, la Bulgarie a confirmé l’existence de viande chevaline non-déclarée dans 86 kilos de lasagnes retirées de la vente samedi, sans préciser le nom du distributeur, ni celui de l’entreprise de production.
En Roumanie, les autorités sanitaires ont découvert à Bucarest un lot de 100 kilos de viande de cheval étiquetée boeuf et destinée au marché local. Enfin en Autriche, du cheval s’est retrouvé dans des kebabs, vendus dans un snack à Vienne.
Aux îles Canaries, les autorités ont bloqué jeudi une tonne de hamburgers congelés destinés à des hôtels et restaurants après qu’elles se soient rendu compte qu’ils contenaient de la viande de cheval.
Hors d’Europe, des lasagnes Findus produites par la société française Comigel, qui s’était approvisionnée auprès de Spanghero ont été retirées de la vente à Hong-Kong.
Face aux comportements frauduleux, les autorités françaises veulent améliorer leur “système de protection”, en renforçant notamment les peines encourues en cas de tromperie économique.
Aujourd’hui, “si vous volez une barquette de surgelé dans un magasin, vous encourez trois ans de prison et 45.000 euros d’amende. Quand vous trompez 4,5 millions de personnes pendant 6 mois vous encourrez 37.000 euros d’amende et 2 ans d’emprisonnement”, a souligné jeudi Benoît Hamon.
La DGCCRF mène également des contrôles à l’échelle nationale pour s’assurer du retrait des rayons des produits susceptibles de contenir du cheval. Quelque 130 visites ont ainsi été effectuées depuis une semaine dans des commerces de Gironde.