L’économie américaine reste molle à l’approche de coupes claires dans le budget

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âtiment de la Fed, à Washington (Photo : Karen Bleier)

[21/02/2013 19:08:29] WASHINGTON (AFP) L’économie des Etats-Unis reste molle à l’approche de coupes claires programmées dans le budget fédéral, qui risquent de faire perdre à la croissance une partie du peu d’élan dont elle dispose.

Publié jeudi, l’indice composite du Conference Board a vu sa hausse ralentir par rapport à décembre, signe que la croissance économique du pays n’est pas encore totalement sortie du trou d’air dans lequel elle est entrée au quatrième trimestre.

Cet indice regroupe dix indicateurs censés donner une idée de l’évolution de la conjoncture aux Etats-Unis dans les six mois à venir, et, pour le Conference Board, institut privé spécialisé dans les enquêtes de conjoncture, il indique “que l’économie sous-jacente reste relativement solide mais molle”.

Selon lui, le marché du logement “est le point le plus positif” de l’économie et “devrait continuer de s’améliorer jusqu’à la fin du printemps, donnant de l’élan au marché du travail et à l’économie dans son ensemble”.

Les chiffres des permis de construire et des ventes de logements anciens publiés mercredi et jeudi ont confirmé que le secteur poursuivait son redressement, mais à un rythme moins rapide qu’au second semestre 2012 et, pour le Conference Board, “le plus gros risque” pour l’économie est lié aux “effets néfastes des réductions budgétaires”.

Or, si l’économie américaine a réussi à ne pas prendre de plein fouet le “mur budgétaire” au tournant de l’année, elle ne semble plus pouvoir éviter l’entrée en vigueur de coupes automatiques massives, prévues à compter du 1er mars faute d’accord au Congrès sur un plan de réduction du déficit susceptible d’enrayer la montée de l’endettement de l’Etat fédéral.

Ces restrictions devraient faire perdre 0,5 point de croissance à l’économie américaine cette année, estime Shai Akabas, analyste du Bipartisan Policy Center, groupe de réflexion centriste basé à Washington.

Selon lui, l’effet sur le marché du travail serait une perte d’environ un million d’emplois sur les quatre millions qui devraient être créés sans cela en 2013 et 2014.

Que fera la Fed?

A l’heure où le Fonds monétaire international prévoit une hausse du produit intérieur brut de 2,0% pour les Etats-Unis en 2013, ce qui marquerait un ralentissement par rapport aux 2,2% relevés officiellement pour 2012, Harm Bandholz, économiste de la banque UniCredit, estime lui aussi que le manque à gagner pour l’économie devrait être de 0,5 point en 2013.

Notant que le rééquilibrage des finances publiques américaines a déjà commencé en 2012, M. Bandholz, pour qui il ne fait aucun doute que les coupes prévues entreront en vigueur, affirme que celles-ci auront un effet “assez fort mais raisonnable” sur la croissance.

Ses confrères de Moody’s Analytics craignent néanmoins que cette cure de rigueur “transforme un ralentissement économique ordinaire en quelque chose de pire”. “A l’heure où la récession s’intensifie en Europe”, ils s’inquiètent en particulier de la réaction des marchés et des effets que celle-ci pourrait avoir sur l’économie réelle.

Seule à pouvoir à agir pour soutenir l’économie quand le pouvoir ne le peut plus, la banque centrale américaine (Fed) a révélé mercredi qu’elle pourrait diminuer plus tôt que prévu –cette année– le soutien énorme qu’elle apporte à la reprise.

L’affaire n’est cependant pas encore tranchée, et le débat continue entre ses dirigeants, la Réserve fédérale restant engagée à faire tout son possible pour hâter la décrue du chômage, qui atteignait encore 7,9% en janvier.

Pour Lindsey Piegza, de FTN Financial, les chiffres de l’inflation publiés jeudi, qui montrent une grande modération des prix, sont de nature à renforcer la position de ceux qui à la tête de la banque centrale plaident pour la poursuite de la politique actuelle.