Croissance et déficits : l’Europe à la peine, l’austérité contestée

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âtiment de la Commission européenne à Bruxelles, le 20 février 2013 (Photo : John Thys)

[22/02/2013 06:57:38] BRUXELLES (AFP) La Commission européenne présente ses nouvelles prévisions économiques, et de nombreux pays de la zone euro, à commencer par la France, ne devraient pas atteindre leurs objectifs budgétaires dans une Europe où l’austérité est de plus en plus contestée.

Publiées trois fois par an, les prévisions de Bruxelles portent sur la croissance, le déficit public et la dette, mais aussi l’inflation et l’emploi des 27 pays de l’UE. Elles doivent être publiées vendredi à 10H00 GMT.

Les États membres s’exposent à des sanctions financières en cas de dérapages budgétaires, avec le renforcement de la surveillance mis en place depuis le début de la crise.

Une quinzaine de pays européens devaient ramener leur déficit à 3% du Produit intérieur brut l’an dernier, ou cette année. Or, au sein de la zone euro, seuls “la Belgique, l’Italie, l’Autriche et les Pays-Bas semblaient en bonne voie” en novembre, lors des précédentes prévisions de la Commission, note Carsten Brzeski, de la banque ING.

Compte tenu de l’aggravation de la situation économique en zone euro, qui s’est enfoncée dans la récession fin 2012, des dérapages sont attendus et Bruxelles pourrait demander de nouveaux efforts en terme de rigueur.

La France a pris les devants: après avoir longtemps nié la réalité, la deuxième économie de la zone euro a reconnu la semaine dernière qu’elle ne pourrait pas tenir l’objectif de déficit de 3% du PIB pour la fin de l’année, sachant que sa croissance ne va pas atteindre l’objectif de 0,8% longtemps affiché.

La Commission table désormais pour la France sur une croissance zéro en 2013 et un déficit autour de 3,6%, selon plusieurs médias français.

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érité le 21 février 2013 (Photo : Nicolas Maeterlinck)

Paris espère obtenir un délai pour revenir dans les clous européens. Cela a déjà été le cas pour l’Espagne, le Portugal et la Grèce. “Si la croissance se détériore de manière imprévue, un pays peut bénéficier d’un délai pour corriger son déficit excessif”, a rappelé à plusieurs reprises le commissaire européen chargé des Affaires économiques, Olli Rehn. Mais à condition qu’il “ait fourni comme convenu les efforts budgétaires demandés”.

Tout en promettant “d’atteindre le plus près possible” les 3%, le président François Hollande a refusé mercredi “d’ajouter des mesures aux mesures parce que nous ne voulons pas tomber dans l’austérité”.

D’autres pays attendent un geste de Bruxelles. Mercredi, le Portugal a admis avoir besoin d’un an de plus pour redresser ses finances, alors que les mesures de rigueur qu’il met en ?uvre sous la tutelle de ses créanciers internationaux l’ont plongé dans la récession.

Il est “raisonnable” d’espérer que la Commission propose “un prolongement d’un an du délai accordé au Portugal pour corriger son déficit budgétaire excessif”, a déclaré le ministre des Finances, Vitor Gaspar. Cela pourrait intervenir lors de la prochaine évaluation par ses bailleurs de fonds des réformes mises en ?uvre par le gouvernement, en contrepartie d’un plan de sauvetage.

En Espagne, le chef du gouvernement Mariano Rajoy a annoncé que le déficit public devrait se situer en 2012 “à moins de 7%” du PIB, soit au-dessus du seuil de 6,3% négocié avec Bruxelles. C’est toutefois mieux qu’anticipé par certains analystes.

Sachant que l’austérité est de plus en plus contestée, la Commission européenne va devoir faire preuve de souplesse.

En fin de semaine dernière, le G20 a plaidé pour des “stratégies budgétaires de moyen terme crédibles” plutôt que sur des objectifs chiffrés et des échéances précises à court terme.

En Grèce, quelque 50.000 manifestants sont descendus dans la rue mercredi dans le cadre d’une nouvelle grève générale contre la poursuite de l’austérité, qui a entraîné la paupérisation d’une grande partie de la population.

Jeudi, une manifestation nationale à l’appel des trois grands syndicats belges contre le gel des salaires a réuni 30.000 personnes selon la police, 40.000 selon les syndicats, soit bien au delà des objectifs des organisateurs.