Il n’y aura pas de gouvernement de compétences. Amen ! Il n’y aura donc pas de neutralité de l’appareil exécutif. Cela veut dire que la transition démocratique sera sous influence ?
Hamadi Jebali est retourné parmi les siens. L’échec de son initiative pour un gouvernement «politiquement aseptisé» lui a ouvert les yeux. Il n’y a qu’un seul chef. Toutes les troupes doivent être aux ordres. C’est un avertissement au successeur?
Maître du parti, maître du pays ?
Hamadi Jebali a donc mis genou à terre. Son «retour au bercail» signifie son rachat par le chef. Ce dernier l’a prévenu en des termes impitoyables. Le samedi 16 février, jour de la “Mallyounia“, Rached Ghannouchi, faisant allusion à la fugue de Abdelfattah Mourou, a dit en substance: «les dissidents, je les rétrécis». Les individus, séparément, ne pèsent rien devant la stature du parti. La messe est dite. La capitulation de Hamadi Jebali vaut capitulation de son clan.
RG régente donc les deux courants majeurs, celui de l’exil et celui issu des geôles de Ben Ali. Il est au faîte de son pouvoir. Donc le nouveau locataire de La Kasbah, instruit du précédent de HJ, sait qu’il doit se ranger aux volontés de «Montplaisir». Chef absolu du parti, maître du pays?
Ligaturés par la légitimité ?
Il est en situation de régenter tout le dispositif institutionnel. Management et politique se rejoignent. Point besoin de détenir la totalité du capital pour contrôler une entreprise. La détention du noyau dur du capital permet de détenir tous les pouvoirs, et c’est la situation que vit actuellement Ennahdha. De ce point de vue, Rached Ghannouchi tient tous les leviers du pouvoir, autant le gouvernement, la présidence de la République que le perchoir.
Quand donc Rached Ghannouchi se rend chez le président pour valider le candidat du parti, c’est de pure forme. Dr Marzouki est-il en situation de refuser? Il a bien prôné un gouvernement de technocrates. Mal lui a pris. Son Job a été remis en question. Pareil pour le président de l’ANC. Qui vous a fait rois, leur a-t-on opposé.
Tout l’appareil institutionnel serait donc sous contrôle. Et, l’opinion dans tout cela? Elle découvre qu’elle est ligaturée par la légitimité. Que pourrait être la suite du processus de transition?
Ennahdha, colonne vertébrale de la Tunisie ?
Continuant dans sa logique, Rached Ghannouchi a dit haut et fort qu’Ennahdha est la colonne vertébrale du pays. Tiens, tiens, ce n’est donc plus l’unité nationale qui cimente la Tunisie? A partir de là, on peut deviner ce que serait la suite de la transition. C’est le crédo nahdhoui qui va régenter les choix constitutionnels. L’option de l’Etat de droit n’aura plus désormais les faveurs des pronostics. Les membres des deux Associations du droit constitutionnel et de la recherche sur la transition démocratique doivent en savoir quelque chose. Ils ont bien signifié aux constituants que le premier jet de la Constitution a fait une impasse sur les libertés et que cela laissait présager une préférence pour un Etat théocratique.
Les constituants ont continué à ignorer le sujet dans le deuxième draft. Ce dialogue de sourds annonce bien que nous rentrons dans un brouillard démocratique.