à Paris (Photo : Kenzo Tribouillard) |
[23/02/2013 11:15:14] PARIS (AFP) Le président François Hollande a promis un soutien “exceptionnel” aux producteurs laitiers et, réagissant au scandale du cheval, exigé un “étiquetage obligatoire” sur l’origine des viandes dans les plats cuisinés, en inaugurant samedi à Paris le 50e Salon de l’Agriculture.
La grand-messe annuelle du monde agricole français, qui a ouvert ses portes au public jusqu’au 3 mars, célèbre ses 50 ans dans un climat d’inquiétude du secteur, perclus d’inégalités, que le scandale de la viande de cheval camouflée en boeuf a encore assombri.
Arrivé dès 07H00 pour la traite des vaches, le chef de l’Etat a pris le petit déjeuner avec des représentants syndicaux, avant de commencer son périple qui doit durer jusqu’en milieu d’après-midi.
“Je veux que, à terme, il y ait un étiquetage obligatoire sur les viandes qui sont insérées, introduites dans les produits cuisinés”, a martelé M. Hollande, faisant valoir la nécessité que “le consommateur puisse être informé de la provenance des produits qu’il consomme et notamment des viandes”.
à Paris (Photo : Kenzo Tribouillard) |
Il a précisé qu’en attendant une solution européenne, le gouvernement soutiendrait toutes les “démarches volontaires d’étiquetage”.
Les distributeurs Carrefour et Intermarché, ainsi que Findus, première marque à avoir été touchée par le scandale du cheval, se sont engagés à l’utilisation de viande 100% française dans leurs plats préparés à base de boeuf, avec étiquetage spécifique.
Pour l’heure, la réglementation européenne impose aux industriels de mentionner le type de viande entrant dans leurs préparations, mais pas l’origine, exigée uniquement pour la viande à la découpe et les fruits et légumes.
Seule une évolution de cette réglementation peut contraindre les industriels à modifier les étiquettes. La France plaide en ce sens auprès de Bruxelles, avec l’appui de l’Allemagne et du Royaume-Uni mais des résistances demeurent dans les pays nordiques notamment.
Le scandale de la viande de cheval, qui a conduit à des retraits de produits un peu partout en Europe, a surtout éclaboussé les industriels et la grande distribution. Mais il touche aussi par ricochet les éleveurs, qui craignent que le public se détourne encore davantage des produits carnés, alors que la consommation de viande a déjà baissé d’environ 10% en dix ans.
ête ses 50 ans |
Depuis le début de ce “Chevalgate”, les fédérations d’éleveurs (bovins, porcins, volailles) ne cessent de vanter des labels comme “Volaille Française” ou VBF (Viande bovine française).
Manque de compétitivité, coûts de main d’oeuvre trop élevés, normes environnementales contraignantes, volatilité des prix des matières premières: le Salon 2013 s’ouvre aussi sur une liste de doléances, auxquelles M. Hollande a répondu en évoquant “une politique nationale de soutien aux éleveurs”.
Le président a promis de soutenir “de manière exceptionnelle” les “producteurs laitiers qui sont dans une situation très délicate”.
Il a aussi appelé à “lutter contre (les) fluctuations de cours” des matières premières “et permettre aussi une rémunération correcte de tous ces éleveurs parce que c’est une condition indispensable pour l’emploi et l’animation de nos territoires”.
A la veille du Salon, les éleveurs laitiers avaient réclamé des “solutions concrètes” dans un courrier au chef de l’Etat.
“Jamais de mémoire de paysan nous n’avons vécu une telle augmentation de nos coûts de production. Les raisons en sont connues: l’envolée du prix des céréales et du soja entrant dans l’alimentation de nos animaux”, écrivait Thierry Roquefeuil, président de la Fédération des producteurs de lait (FNPL).
Les éleveurs se disent étranglés par les transformateurs et les distributeurs qui rechignent à répercuter la hausse de ces charges aux consommateurs.
Les inégalités ne cessent de s’accroître dans le monde agricole, avec, d’un côté des céréaliers qui n’ont jamais gagné autant d’argent et de l’autre les éleveurs qui peinent à joindre les deux bouts.
Pour Stéphane Le Foll, il faut des “mesures qui favorisent l’élevage” avec “des aides spécifiques” et une redistribution des aides de la Politique agricole commune (PAC) qui favorise les premiers hectares, les élevages ayant des surfaces réduites par rapport aux grandes cultures.