Cheval : avalanche de demandes chez Eurofins, leader mondial de la bioanalyse

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à Nantes, le 23 septembre 2011 (Photo : Frank Perry)

[23/02/2013 12:38:45] NANTES (AFP) En plein scandale de la viande de cheval, le groupe Eurofins, numéro un mondial de la bioanalyse, créé il y a 25 ans à Nantes, fait face à travers toute l’Europe à une avalanche de demandes de professionnels de l’agroalimentaire désireux de se rassurer sur leurs produits.

Inconnu du grand public malgré ses 170 laboratoires et ses quelque 13.000 salariés, le groupe, implanté dans 34 pays et spécialisé dans l’analyse des aliments, des médicaments et de l’environnement, avait déjà été à la pointe ces dernières années dans la détection de la maladie de la vache folle, de la mélamine ou encore du virus H1N1 dans les aliments.

Sollicité en janvier par les autorités irlandaises pour démasquer la viande de cheval déguisée en boeuf dans des plats cuisinés, il est assailli de demandes depuis le début du scandale.

“Nous travaillons principalement sur la base d’autocontrôles de producteurs, de transformateurs et de distributeurs, qui veulent être sûrs de la qualité des produits qu’ils vendent”, indique François Vigneau, directeur France du groupe.

Avec quelque 80 millions d’essais sur 20 millions d’échantillons à travers le monde en 2012, la société, qui revendique “plus de 100.000 méthodes d’analyse” se veut à la pointe, notamment dans la recherche de bactéries, d’OGM, de pesticides ou encore de métaux lourds.

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à Nantes le 23 septembre 2011 (Photo : Frank Perry)

Mais c’est une autre de ses spécialités, la “spéciation” par séquençage ADN, destinée à déterminer la nature exacte d’un mélange carné, qui fait aujourd’hui fureur. A tel point que le groupe a dû organiser vendredi pas moins de trois conférences sur internet pour répondre aux questions de ses clients.

“Cette activité a augmenté d’un facteur très important” à travers l’Europe, indique pudiquement M. Vigneau, sans souhaiter fournir de chiffres ni de noms de sociétés.

Incontournable dans ce dossier, le leader mondial a pu faire jouer deux de ses atouts: “une organisation en centres de compétences et la capacité à mobiliser immédiatement beaucoup de ressources”, fait valoir le responsable. En pointe en matière de spéciation carnée, une filiale bavaroise a ainsi pu immédiatement traiter les demandes, avant de partager ses compétences avec d’autres labos du groupe, comme celui de Nantes.

30% de croissance annuelle

Créée en 1987 par un jeune ingénieur nantais, Gilles Martin, et cotée à Paris depuis 1997, Eurofins apparaît comme une des plus jolies réussites industrielles et boursières d’une start-up française ces dernières années.

“Nous affichons la meilleure performance de la Bourse de Paris depuis 15 ans avec 30% de progression annuelle moyenne”, souligne Hugues Vaussy, directeur financier de la société dont le siège opérationnel est à Bruxelles.

Introduite à 1,83 euro en 1997, l’action Eurofins cotait 150 euros vendredi, affichant une progression de quelque 30% depuis le début de l’année et valorisant le groupe à plus de 2,1 milliards d’euros.

A partir d’une “découverte locale” pour détecter les vins chaptalisés, Gilles Martin, qui contrôle toujours 45% de la société, “a su construire une entreprise mondiale” par une croissance interne dynamique et des rachats de concurrents, comme l’américain Lancaster, relève M. Vigneau.

Après un chiffre d’affaires de 829 millions d’euros en 2011, pour un résultat net de 57 millions, le groupe s’est fixé pour objectif de “doubler de taille en cinq ans, avec une croissance annuelle moyenne de 15%, pour atteindre un chiffre d’affaires de 2 milliards en 2017”, indique M. Vaussy.

Implanté principalement en Europe et en Amérique du Nord, Eurofins souhaite poursuivre son développement dans ces zones sans perdre de vue l’Océanie et les pays émergents, précise-t-il à l’AFP.

“Il y a une tendance de fond pour plus de contrôles en matière de sécurité alimentaire et dans les domaines environnementaux, y compris dans des pays comme la Chine ou l’Inde. Mais il reste à savoir comment ces pays vont s’ouvrir”, souligne-t-il.