Le Maroc de retour au Salon de l’Agriculture pour pousser ses exportations

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à Paris le 23 février 2013 (Photo : Miguel Medina)

[24/02/2013 16:33:33] PARIS (AFP) De retour au Salon de l’agriculture à Paris après 20 ans d’absence, le Maroc est venu vanter cette année ses produits “terroir” comme l’huile d’olive, dont il entend pousser les exportations, explique son ministre de l’Agriculture, Aziz Akhannouche, à l’AFP.

“Avec la crise qui frappe l’Europe, nous cherchons à développer nos exportations vers d’autres marchés comme la Russie et l’Amérique du Nord, Etats-Unis et Canada”, déclare M. Akhannouche, soulignant la nécessité de “diversifier” les partenaires et les productions.

“Nous misons sur les oranges, certaines tomates. Mais les olives et surtout l’huile font partie de nos priorités”, ajoute-t-il dans un entretien réalisé dimanche.

L’objectif visé est d’atteindre 1,1 million d’hectares d’oliveraies (à 95% des Piccholines), soit une production de 160.000 tonnes dont 60.000 rien que pour l’exportation, cultivées essentiellement autour de Meknès (nord), dans le Moyen-Atlas et dans la région de Marrakech.

En vertu d’un accord de libre-échange signé en 2000 et revu en 2012, 55% des tomates, concombres ou oranges du Maroc exportés vers l’Union européenne sont dispensés de droits de douane. Depuis 2006, un accord similaire gouverne certaines exportations fruitières vers les Etats-Unis.

Revers de la médaille pour les écologistes: cette agriculture maraîchère fortement irriguée pompe les ressources en eau du pays.

“Les cultures maraîchères n’ont pas bougé depuis la signature de l’accord”, assure pour sa part le ministre, qui fait valoir les efforts d’irrigation et d’économies d’eau.

Plus d’1,4 million d’hectares bénéficient à ce jour d’un système de goutte-à-goutte “financé à 100% par l’Etat pour les exploitations de moins de 5 hectares, et à 80 % pour celles de plus de 5 hectares”, défend-il en faisant valoir que l’investissement (73 millions d’euros en 2011) représente un tiers des aides publiques à l’agriculture.

“Le Maroc continue sa politique de barrages. Notre programme d’économies d’eau lancé sur 550.000 ha doit nous permettre d’économiser 550.000 m3”, assure-t-il.

Aziz Akhannouche évacue par ailleurs la suspicion selon laquelle le Maroc exporterait des productions du Sahara occidental disputé, sur lequel il revendique sa souveraineté. “C’est un faux débat: vu le climat aride au sud, les productions sont infiniment mineures”, fait-il valoir.

Le secteur agricole représente 19% du PIB national (15% en agriculture et 4% en agro-industrie). Un “Plan Maroc vert” lancé il y a quatre ans vise notamment à “stabiliser les populations rurales sur leurs terres”, soit 14 milllions de personnes, indique le ministre.

Le ministère a initié l’an dernier une stratégie “d’agrégation”: “Plutôt que de procéder à un remembrement, nous cherchons à regrouper les petits exploitants qui n’ont pas les moyens de s’équiper autour d’un +agrégateur+”, explique-t-il. Ce peut être une usine, un pressoir, une laiterie…

“A Souss, 12.000 proucteurs de lait sont regroupés autour d’une même coopérative. Certains ont deux, trois vaches. Pour le sucre, les 80.000 producteurs de betterave se retrouvent autour d’une unique unité industrielle qui fournit semences, traitements phytosanitaires et aussi conseils et logistique”, détaille M. Akhannouche.

“D’autres systèmes peuvent concerner uniquement le conditionnement” et certains n’ont que 15 à 20 adhérents, ajoute-t-il.

Le prix d’achat n’est pas garanti par l’Etat mais ce dernier veille à l’encadrement des contrats, assure le ministre. Cette réorganisation doit permettre l’autosuffisance alimentaire du pays, déjà acquise selon lui pour “la viande rouge et blanche (volailles), le lait, les oeufs”.

“En revanche, nous incitons les producteurs à abandonner les céréales, dont les rendements sont médiocres compte tenu des conditions: l’objectif est de réduire les surfaces d’un million d’ha, à 4,4 M ha, pour stabiliser la production à 7 millions de tonnes par an”, indique-t-il.