Mon tracteur est un robot : l’agriculture high-tech a le champ libre

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équipement agricole à Villepinte le 24 février 2013 (Photo : Patrick Kovarik)

[24/02/2013 17:56:06] PARIS (AFP) Les bras croisés, le mp3 sur les oreilles et l’oeil perdu dans le lointain, l’agriculteur peut laisser son tracteur faire le boulot: aujourd’hui, satellites, drones, GPS et balises sont capables de guider ses roues au centimètre près entre les sillons.

L’agriculture high-tech, qui permet le sur-mesure dans les champs, est en plein boom, comme le montre le Mondial de l’équipement agricole (SIMA), qui se tient à Villepinte (nord de Paris) simultanément au Salon de l’Agriculture.

“C’est le satellite qui pilote. On n’a plus besoin de conduire, on est là par sécurité. Comme un cadre dans une usine qui surveille les paramètres sur ses écrans”, explique Michel Masson, cultivateur à Beaune-La-Rolande (Loiret) et président du Bureau de coordination du machinisme agricole à la FNSEA, la première force syndicale de la profession.

La technologie embarquée à bord des engins -tracteurs mais aussi semoirs, épandeurs, moissonneuses…- ne trahit pas un goût pour le gadget, par ailleurs assez coûteux, mais garantit surtout la précision du travail, qu’il s’agisse de semis ou d’intrants notamment.

“Le guidage par GPS permet un positionnment du tracteur avec une précision de 2 cm sur la largeur travaillée”, ce qui évite de repasser au même endroit, relève encore Michel Masson.

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équipement agricole à Villepinte le 24 février 2013 (Photo : Patrick Kovarik)

“Sur une parcelle de 30 hectares, si vous recroisez sur 30 à 40 cm de large à chaque tour pour tout couvrir, vous perdez 2 ha sur une journée de travail. En semis ou en épandage, on risque les trous ou les surdoses”. Avec le GPS, le lâcher est précis.

A l’origine, le satellite récupère les données les plus précises possibles de la parcelle à la motte près. “Ensuite on l’interprète pour la traduire en pratiques et éventuels traitements” explique Bertrand de Launay, directeur général de InVivo AgroSolutions, filiale du premier groupe coopératif français (240 coopératives) dédiée à l’agriculture de précision et solutions durables.

Le cliché renseigne sur la masse végétale des cultures, leur état, le manque éventuel d’azote et même sur la présence d’adventices, les mauvaises herbes. Puis ces données sont entrées dans un ordinateur qui programme le GPS embarqué sur le tracteur.

Cette technologie est encore affinée avec des passages de drones à 150 m au-dessus des champs: InVivo a passé un partenariat avec une start-up parisienne, Airinov, qui lâche ses engins oranges à la demande et surtout sous les yeux des cultivateurs – quand le satellite passe si haut qu’il est inaperçu.

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équipement agricole à Villepinte le 24 février 2013 (Photo : Patrick Kovarik)

“C’est beaucoup plus ludique et ça donne aussi bien plus de souplesse”, note Delphine Tailliez-Lefebvre, responsable du pôle Santé végétale d’InVivo.

Jusqu’ici Airinov s’est concentré sur le repérage de l’azote par les capteurs fixés sous le drone, pour repérer les zones qui réclament davantage d’engrais.

Ce sont encore des capteurs, mais à ras de plancher cette fois, que promènent les remorques attelées aux quads du projet Defisol pour mesurer les teneurs minérales et évaluer les potentiels des sols.

Tous les 20 à 30 cm, ces capteurs émettent des signaux par résonnance électriques: l’hétérogénéité des signaux traduit celle du sol et ses éventuelles carences. Ces données sont ensuite transmises par GPS serviront à moduler les apports et traitements souhaités.

“La cartographie c’est l’avenir, elle sera partout présente d’ici 4 à 5 ans” parie Bertrand de Launay qui justifie: “la pression est assez forte pour amener à produire davantage sans abîmer l’environnemnet. L’agriculture de précision permet de limiter les intrants à la juste dose”.

Le prix de ces bijoux high-tech est encore prohibitif – plusieurs dizaines de milliers d’euros pour équiper sa flotte – et réservé aux coopératives et aux grandes cultures céréalières, les plus rentables.

“Mais c’est comme le téléphone portable: il y a 10 ans ils étaient lourds et chers… la technologie finit toujours par s’adapter” assure Michel Masson.