Chypre : le nouveau président veut restaurer la crédibilité de l’île

photo_1361722546793-8-1.jpg
ésident chypriote, Nicos Anastasiades, à Limassol le 24 février 2013 (Photo : Yiannis Kourtoglou)

[24/02/2013 20:47:01] NICOSIE (AFP) Le candidat de droite Nicos Anastasiades a été élu dimanche à la présidence de Chypre avec 57,5% des voix et aura désormais la difficile tâche de conclure un plan de sauvetage européen crucial pour l’île au bord de la faillite.

Avocat pro-européen de 66 ans et vétéran de la vie politique chypriote, M. Anastasiades a largement devancé Stavros Malas, un indépendant soutenu par les communistes dominant le gouvernement sortant, selon les résultats officiels qui font état d’un taux de participation de plus de 81%.

“Ma première priorité est de restaurer la crédibilité de Chypre”, a-t-il affirmé dans la conclusion prononcée en anglais de son discours de victoire.

“Je m’engage à prendre toutes les mesures nécessaires pour faire sortir le pays de la crise économique (…). Mon gouvernement d’unité nationale mènera toutes les réformes structurelles nécessaires”, a-t-il ajouté, tout en promettant de retrouver le chemin de l’emploi et de la croissance.

Dans la première partie du discours, prononcée en grec, M. Anastasiades s’est engagé à oeuvrer pour un accord rapide avec l’Union européenne en vue d’un accord sur le plan de sauvetage.

photo_1361737869520-8-1.jpg
ésident chypriote élu Nicos Anastasiades célèbrent sa victoire dans les rues de Nicosie, le 24 février 2013 (Photo : Patrick Baz)

“Nous comptons discuter et coopérer de manière fiable avec nos partenaires européens pour parvenir le plus tôt possible à un accord (sur un plan de sauvetage) qui protège nos groupes vulnérables, la cohésion sociale et des relations pacifiques dans le monde du travail”, a-t-il déclaré.

Alors que le pays a demandé en juin une aide financière internationale, les ministres des Finances de la zone euro attendaient le résultat de la présidentielle pour se prononcer sur le plan d’aide.

“Les Chypriotes ont donné à M. Anastasiades un mandat fort pour appliquer son programme de réforme et faire ce qu’il faut pour garantir la durabilité budgétaire et financière”, a salué le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso.

Pendant la campagne, M. Anastasiades s’était dit prêt à des mesures radicales pour obtenir la confiance des bailleurs de fonds internationaux, tandis que son adversaire, soutenu par le parti communiste Akel du très impopulaire président sortant Demetris Christofias, avait promis d’atténuer les mesures d’austérité réclamées.

photo_1361724590563-8-1.jpg
à Limassol, le 24 février 2013 (Photo : Yiannis Kourtoglou)

“Nous avons besoin d’unité, mais nous critiquerons sévèrement tout ce qui pourrait aller contre l’intérêt du peuple ou du pays”, a déclaré M. Malas en félicitant son adversaire dans un discours depuis son QG de campagne.

Concert de klaxons

A Nicosie, devant les locaux du parti Disy (droite), que M. Anastasiades dirige depuis 1997, une large foule a accueilli l’annonce de sa victoire avec des cris de joie, tandis que des concerts de klaxons ont résonné pendant une partie de la soirée à travers la ville.

L’avenir s’annonce pourtant difficile, puisque après une contraction de 2,3% de l’économie en 2012, les dernières prévisions de la Commission européenne évoquent une nouvelle baisse en 2013 (-3,5%), sans perspective de reprise avant 2016, alors que le chômage a plus que doublé en 18 mois pour atteindre 14,7%.

“Nous avons beaucoup à faire pour ranimer l’économie. Tout est possible”, a assuré Christopher Pissarides, prix Nobel d’économie, qui s’est dit prêt à aider le nouveau gouvernement.

photo_1361728154495-8-1.jpg
ésultats du 2e tour des élections présidentielle à Chypre

Le gouvernement chypriote a évalué à 17 milliards d’euros l’aide financière nécessaire, soit l’équivalent de son Produit intérieur brut annuel, destinée en premier lieu à renflouer les banques, très exposées à la dette grecque.

Face à la sévérité de la crise, la question de la réunification de l’île divisée depuis l’invasion turque de 1974 a été pour la première fois reléguée au second plan des enjeux du scrutin.

Mais la communauté internationale attendra du nouveau président qu’il fasse progresser les négociations menées sous l’égide de l’ONU. En 2004, M. Anastasiades avait soutenu un plan de réunification proposé par l’ONU et accepté par les Chypriotes-turcs mais rejeté par une grande majorité de Chypriotes-grecs.

Ce pragmatisme lui a valu de vives critiques, et il prône désormais un consensus politique sur ce dossier, sans pour autant présenter de stratégie claire.