ée du congrès de la téléphonie mobile de Barcelone, le 25 février 2013 (Photo : Josep Lago) |
[25/02/2013 09:54:58] BARCELONE (AFP) Les opérateurs télécoms, réunis en congrès à Barcelone, voient leurs revenus basés sur la voix et les SMS s’effondrer, alors que leurs clients utilisent de plus en plus l’internet mobile, coûteux en investissements et qui bénéficie surtout aux acteurs du web.
“C’est sur le marché des opérateurs que se concentre la tempête aujourd’hui”, estime Jean-Laurent Poitou, responsable de la stratégie dans le secteur des communications chez Accenture, groupe américain de conseil.
Les revenus des opérateurs de réseaux télécoms “décroissent sur les services traditionnels comme la voix et les données facturées selon les volumes transférés”, explique-t-il, et dans le même temps, “il y a une pression à l’augmentation des investissements dans les infrastructures, en particulier mobile, tirée par la vidéo, mais aussi dans la relation client”.
Mais, en améliorant sans cesse la qualité de leur réseau pour leurs clients, les opérateurs “font aussi la part belle aux plateformes internet qui offrent à l’utilisateur final ses propres services de communication et de messagerie”, comme Skype ou Whatsapp, avec le succès que l’on connaît, souligne Dan Bieler, analyste au cabinet Forrester.
“L’Agora des grecs anciens, aujourd’hui c’est Facebook pour beaucoup d’entre nous, et Twitter ressemble à ce que fut “Speaker’s Corner” aux Londoniens”, assure-t-il.
Les opérateurs en ont bien conscience et multiplient les initiatives pour essayer de regagner de la valeur, et combattre les acteurs de l’internet avec leur propres armes, c’est-à-dire une innovation moins centrée sur la technologie et plus sur les usages.
“Il n’y a pas une seule solution, chaque opérateur en fonction de sa marque, de la qualité de son réseau, de sa capacité à investir et à créer des relations avec des partenaires comme les banques ou les chaînes de distribution, fait des choix, des paris stratégiques différents”, indique M. Poitou.
La première piste est bien sûr de faire payer au consommateur le débit et la vitesse de connexion à l’internet utilisés, dans des forfaits où la voix et les SMS sont eux quasiment gratuits.
éléphonie mobile de Barcelone photographient un nouveau smartphone, le 24 février 2013 (Photo : Josep Lago) |
C’est la solution qu’on choisi Swisscom en Suisse et Verizon aux Etats-Unis: “lancer des offres avec des prix différenciés en fonction du débit demandé, avec un rapport de un à trois dans les prix proposés entre les offres avec un faible débit et celles qui bénéficient d’un débit maximum”, explique le vice-président de l’agence Booz&co, Pierre Peladeau.
Cette stratégie lancée en juin 2012 par Verizon “a eu un impact très fort sur les revenus de l’opérateur en augmentant le volume de ses ventes de 4%”, indique-t-il.
Les opérateurs ont également un atout à jouer concernant deux tendances fortes du marché qui nécessitent une grande confiance de la part des clients: le paiement mobile et l’archivage de leurs documents personnels dans une infrastructure décentralisée, ce que l’on nomme le “cloud computing”.
Une autre piste à suivre est de concurrencer les services de messageries à succès par un service créé et géré par les opérateurs eux mêmes.
C’est l’idée qui a présidé à la création de Joyn, un service standard qui permet de chater en direct, de partager des photos, de la musique et des fichiers, par les grands opérateurs mondiaux comme AT&T, China Mobile, Deutsche Telekom, Orange, Telecom Italia, Telefonica ou Vodafone.
Les opérateurs sont aussi en mesure de collecter de nombreuses données sur leur clientèle qui, vendues à des entreprises, permettrait un meilleur ciblage marketing pour augmenter la valeur de la publicité qu’elles vendent.