[25/02/2013 15:30:58] PARIS (AFP) Moins d’un an après son élection, François Hollande, confronté à de sombres perspectives économiques, prépare l’opinion à une marche arrière sur ses principaux objectifs, notamment l’inversion de la courbe du chômage fin 2013 et la trêve fiscale prévue pour 2014.
La promesse date du 9 septembre 2012: “Nous devons inverser la courbe du chômage d’ici un an”, lance alors le chef de l’Etat sur TF1. “Nous devrons y parvenir coûte que coûte”, renchérit-il dans ses voeux aux Français le 31 décembre.
Deux mois plus tard, changement de ton: “S’il n’y a pas d’objectif, il n’y a pas de volonté et moi je ne me résigne pas”, affirme samedi François Hollande. Nettement moins optimiste après les prévisions alarmantes de la Commission européenne, il lie cette fois l’inversion de la courbe à une anticipation de la reprise de la croissance, qui n’est pas prévue avant 2014.
Le président semble également revenir sur une trêve fiscale l’an prochain, indiquant qu’en 2014, la réduction du déficit public passera “d’abord par des économies” mais aussi “subsidiairement par des prélèvements supplémentaires”.
Alors que l’opposition a aussitôt brocardé un président “prestidigitateur” qui “n’a pas cessé de mentir aux Français depuis plusieurs mois”, plusieurs ministres ont réfuté tout changement de cap, au prix d’argumentations parfois compliquées.
Ainsi, Jérôme Cahuzac (Budget) a expliqué qu’il allait falloir trouver “6 milliards d’euros de recettes” supplémentaires en 2014 pour conserver “la stabilité fiscale”, tout en refusant de parler d’augmentation d’impôts.
Le ministre du Travail, Michel Sapin, a assuré pour sa part que “même avec une croissance plus faible que celle que nous escomptions, les politiques de l’emploi nous permettront d’inverser la courbe du chômage d’ici la fin de l’année 2013”.
A l’Elysée, où une réunion ministérielle sur les finances publiques et la protection sociale était programmée lundi après-midi, un conseiller évoquait tout de même “un ajustement à la conjoncture”.
Avec une prévision de croissance pour 2013 ramenée de 0,8% à 0,1% et l’abandon de la réduction du déficit public à 3% du PIB, “il devient difficile de donner des objectifs assurés sur l’emploi”, confiait-il à l’AFP.
Quant aux perspectives fiscales, “le +subsidiairement+ a un sens” soulignait-il: “Pour le président, la priorité ce sont les économies budgétaires, une augmentation des impôts viendrait en complément mais il ne la souhaite pas”.
Face à l’aggravation de la conjoncture, une intervention prochaine du président de la République est régulièrement évoquée par ses proches. “On n’a pas encore fixé ni où ni exactement quand. Mais est-ce qu’il a envie de le faire? Oui, le président en a envie”, affirmait récemment un proche. “La forme est encore à déterminer, il faut trouver une bonne opportunité mais il devrait s’expliquer devant les Français”, affirme un autre.
D’autant que dans l’opinion, l’infléchissement du discours de François Hollande pourrait être mal ressenti.
Inverser la courbe du chômage d’ici la fin de l’année était “une promesse faible, a minima, et le recul de François Hollande sur ce sujet risque de beaucoup inquiéter les Français”, analyse Gaël Sliman (BVA), en soulignant que l’effet positif de l’intervention militaire au Mali dans les sondages a été “très bref”.
D’autre part, la perspective de nouvelles hausses d’impôts pourrait avoir “un impact très négatif, en particulier auprès des classes moyennes inférieures qui ne bénéficient pas du système redistributif”, souligne-t-il.
Pour Frédéric Dabi (Ifop), le président Hollande “a fait un petit pas en arrière” sur l’emploi, mais “sans renier son engagement et il garde un discours volontariste”. En revanche, en matière fiscale, “il sort de sa trace” et “la pilule risque d’être difficle à faire avaler aux Français”, selon ce politologue.