L’Afrique est la dernière “frontière” pour la téléphonie mobile

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éléphonie indien Airtel à Nairobi, le 20 mai 2011 (Photo : Tony Karumba)

[27/02/2013 11:10:39] BARCELONE (AFP) L’Afrique et son milliard d’habitants est une terre à conquérir pour la téléphonie mobile, et opérateurs et équipementiers en attendent beaucoup tout en sachant qu’il leur faudra aussi régler, ensemble, les problèmes de coûts et d’infrastructures.

“L’Afrique est la dernière frontière de la téléphonie mobile dans le monde”, affirme Manoj Kohli, le PDG du groupe indien Barthi Airtel, très présent sur le continent, à l’occasion du congrès mondial de la téléphonie mobile à Barcelone. Mais c’est aussi un marché “dur”, ajoute-il.

Selon le cabinet PwC, “le nombre d’abonnés à la téléphonie mobile a explosé en Afrique, passant de 16 millions en 2000 à 246 millions en 2008 et à plus de 500 millions actuellement”.

PwC estime ainsi qu’il y aura 600 millions d’abonnés en 2016.

Un chiffre à relativiser toutefois, car pour des raisons d’économies, le consommateur africain a souvent deux cartes sim. Il utilise tantôt l’une tantôt l’autre en fonction de celle qui propose les tarifs les moins chers, selon la localisation ou l’heure de la journée.

Selon les calculs du cabinet d’analyse Wireless intelligence, un peu plus d’un tiers des habitants du continent avaient un téléphone portable au dernier trimestre 2012.

Wireless intelligence souligne également que le revenu moyen par consommateur au Burundi comme au Rwanda ou en Egypte est d’environ 5 dollars (3,8 euros) par mois.

Le prix reste donc un challenge important pour les opérateurs, mais aussi pour les fabricants de téléphones.

Le géant américain Microsoft et le chinois Huawei ont donc récemment décidé de construire des smartphones spécialement pensés pour l’Afrique appelés “4Africa”, et de développer des applications dédiées au continent africain.

L’Afrique représente des opportunités importantes de croissance des revenus et d’augmentation du nombre de clients, mais ces derniers se trouvent pour beaucoup dans des zones rurales dont l’équipement en infrastructure mobile représente un coût important.

Selon le cabinet PwC, “le montant total cumulé des investissements en téléphonie fixe et mobile devrait passer de 78,8 milliards de dollars en 2008 à 145,8 milliards de dollars d’ici 2015”.

Compétition féroce sur les marchés

Etendre la couverture dans les zones rurales pose la question des distances mais aussi de l’énergie. Le réseau d’électricité est souvent défaillant voire inexistant dès qu’on s’éloigne des villes et les opérateurs font alors appel à des générateurs fonctionnant au diesel ou aux panneaux solaires, deux solutions coûteuses.

Pour toute construction de réseau, “nous devons fournir l’infrastructure d’un bout à l’autre de la chaîne”, explique le zimbabwéen Sifiso Dabengwa, PDG du groupe sud-africain MTN, premier opérateur africain.

Par ailleurs, M. Dabengwa estime que la compétition, féroce sur certains marchés africains, pourrait nuire à la rentabilité des acteurs.

“Cinq ou six opérateurs dans un pays, cela rend le marché difficile pour tous”, estime-t-il, assurant que la concurrence est telle que certains acteurs pratiquent “des prix inférieurs à leurs coûts”. Il appelle donc à une “consolidation du secteur”.

Un constat partagé par Manoj Kohli qui s’inquiète des conséquences de ce climat concurrentiel sur la capacité d’investissement. “Il n’y aura pas d’investissement dans la 3G ou la 4G, et ce n’est pas bon pour l’Afrique”.

Pour lui, si le continent veut avoir accès à internet, “nous devons partager les infrastructures, nous ne pouvons pas multiplier les réseaux, seuls les Américains ou les Européens peuvent se le permettre, pas les Africains”, estime-t-il.

“La compétition c’est bien, mais à partir d’un certain point, nous devons travailler ensemble”, a aussi déclaré la ministre de la communication et de la technologie du Nigeria, Omobola Johnson.

Ce développement des réseaux de téléphonie mobile est d’autant plus vital qu’il a un impact important sur le mode de vie des Africains, en favorisant l’accès aux services bancaires et aux soins, notamment.