éroport de Maastricht-Aachen (Photo : Jerry Lampen) |
[27/02/2013 15:23:25] BRUXELLES (AFP) La Commission européenne a mis son veto mercredi au rachat par la compagnie aérienne irlandaise à bas coût Ryanair de sa compatriote Aer Lingus, qui aurait créé selon elle une situation de monopole, une décision immédiatement dénoncée comme “politique” par Ryanair qui entend faire appel.
“Cette acquisition ne pouvait pas être autorisée du point de vue de la concurrence”, a expliqué au cours d’une conférence de presse le commissaire européen chargé de la Concurrence, Joaquin Almunia, soulignant qu’elle aurait “nui aux passagers”.
Cette décision n’est pas une surprise dans la mesure où Ryanair avait annoncé le 12 février que la Commission s’apprêtait à interdire sa nouvelle offre sur Aer Lingus, malgré les mesures correctives proposées.
Ces mesures consistaient notamment en une reprise par le groupe IAG, maison mère de British Airways et Iberia, des activités de Ryanair et Aer Lingus à l’aéroport londonien de Gatwick. La Britannique Flybe devait aussi reprendre 43 liaisons d’Aer Lingus à destination du Royaume-Uni.
Mais ces mesures “étaient loin de répondre au problème fondamental de cette transaction: la création d’un monopole ou d’une position dominante sur 46 liaisons aériennes”, sur lesquelles les deux compagnies se livrent actuellement une concurrence acharnée, a souligné M. Almunia. Dès lors, a-t-il dit, “je n’avais pas d’autre choix que d’interdire l’opération”.
D’autant plus, a-t-il expliqué, que Flybe n’avait pas les reins assez solides pour reprendre les 43 liaisons aériennes d’Aer Lingus vers le Royaume-Uni.
Aer Lingus (Photo : Peter Muhly) |
La Commission souligne que les parts de marché cumulées des deux compagnies représentent 87% des vols court-courrier au départ de Dublin, et que la fusion aurait par conséquent “réduit le choix proposé à la clientèle et très probablement entraîné une hausse des prix pour les passagers”.
Ryanair a vivement réagi mercredi en dénonçant une décision “politique” de l’Union européenne. La compagnie en est à sa troisième offre de rachat d’Aer Lingus depuis 2007. La première avait été interdite par la Commission et la deuxième, en 2009, avait été retirée par Ryanair.
“Nous regrettons que cette interdiction soit manifestement motivée par de petits intérêts politiques plutôt que par des inquiétudes concernant la concurrence et nous pensons que nous avons des raisons solides pour faire appel et casser cette interdiction d’ordre politique”, a dénoncé le responsable de la communication de la compagnie, Robin Kiely, dans un communiqué.
Interrogé sur cette initiative, M. Almunia s’est montré confiant. La décision de la Commission, dans la mesure où elle est prise à la suite d’un vote du collège des commissaire, peut être qualifiée de politique, a-t-il reconnu. Mais, a-t-il ajouté, “les arguments qui sous-tendent notre décision sont très très solides, aussi bien d’un point de vue économique que d’un point de vue légal”.
Il a rappelé que la décision de la Commission d’interdire le rachat d’Aer Lingus par Ryanair en 2007 avait été confirmée ensuite par la Cour de justice européenne. Or, “les problèmes de concurrence (posés par la fusion) sont plus importants aujourd’hui qu’en 2007”, a-t-il souligné.
Aer Lingus, qui a toujours été hostile à l’offre de Ryanair, a salué la décision de Bruxelles. “C’est la première fois que la Commission européenne a eu besoin de bloquer la même opération deux fois”, a souligné la compagnie. “La position d’Aer Lingus depuis le début a été de dire que l’offre de Ryanair n’aurait jamais dû être faite”, a déclaré le directeur général d’Aer Lingus, Christoph Mueller.
Quant au ministre irlandais des Transports, Leo Varadkar, il a souligné que la décision “allait dans le sens de l’opinion du gouvernement, selon laquelle une fusion aurait été néfaste pour le marché irlandais des transports aériens” et aurait eu un effet négatif sur l’emploi.
La Commission a retoqué seulement 24 concentrations depuis une vingtaine d’années, sur plus de 5.000 dossiers étudiés. Son précédent refus, qui remonte à moins d’un mois, a concerné la fusion des groupes de messagerie UPS et TNT.
Dans le secteur aérien, Bruxelles a examiné 15 concentrations et plusieurs alliances depuis 2004, et c’est la troisième fois qu’elle prononce une interdiction: outre la précédente tentative de rachat d’Aer Lingus par Ryanair, elle avait interdit en 2011 le projet de rachat de la compagnie grecque Aegean Airlines par sa compatriote Olympic Air.