“Le taux d’inflation effectif est actuellement de l’ordre de 9 à 10%, et ce en tenant compte de la nouvelle composition du panier des biens de consommation du tunisien”, a avancé mercredi l’expert économique et financier Moez Joudi. Les chiffres officiels révèlent un taux d’inflation de 6% à fin janvier 2013.
Selon l’expert, ce taux (6%) a été calculé sur la base d’un panier de biens de consommation, majoritairement composé de produits subventionnés dont les prix n’évoluent pas d’une année à une autre.
M. Joudi a tenu à préciser qu’il ne remet pas en doute les résultats publiés par l’Institut national de la statistique(INS), l’appelant toutefois, à actualiser sa méthode de calcul de manière à tenir compte des nouveaux biens consommés par le tunisien (Internet, transport…).
L’expert, qui intervenait, lors d’un point de presse organisé, par l’Observatoire national “ILEF” pour la protection du consommateur et du contribuable, a tiré la sonnette d’alarme face à la dégradation de la situation économique du pays, notamment, en ce qui concerne la hausse de l’inflation et l’aggravation du taux d’endettement de la Tunisie.
D’après M.Joudi, la hausse du taux d’inflation est due essentiellement à la contrebande, au déséquilibre entre l’offre et la demande, à l’absence de contrôle économique, en plus de l’inflation importée.
Cette inflation est causée principalement par la hausse des prix des biens importés qui se répercute assez souvent sur les prix intérieurs.
“Le gouvernement n’a pas encore réagi face à cette situation et il est vraiment urgent de mettre en place une stratégie cohérente de lutte contre l’inflation”, a-t-il soutenu.
Pour ce qui est de l’endettement, M.Joudi a indiqué que le taux d’endettement a atteint 48% à fin 2012, contre 39% début 2011.
Cette augmentation est inquiétante selon l’expert, dans la mesure où le pays n’est pas parvenu à créer de la richesse en cette période( fin 2010- fin 2012) en plus de l’utilisation des crédits pour le financement du budget de l’Etat et non à des fins d’investissement.
Revenant aux résultats de 2012, M.Joudi a indiqué que le taux de croissance de 3,6% déclaré par le gouvernement résulte d’une croissance fictive, arguant que les trois moteurs de la croissance économique( exportation, investissement et consommation) ont été “bloqués” en cette période.
Cette croissance a été tirée par la consommation suite aux recrutements réalisés en 2012, dans la fonction publique (31.000), a-t-il précise.
“Même si le taux de croissance enregistré est positif, il reste insuffisant au vu de la crise que traverse le pays”, ajoutant que “la Tunisie devra réaliser un taux de croissance de 6% pour pouvoir surmonter cette conjoncture difficile”.
L’expert a préconisé, à cet effet, de mettre en place un plan de sauvetage national, de rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays et de finaliser la rédaction de la constitution dans les brefs délais.
L’Observatoire “ILEF” a lancé aujourd’hui, sa campagne nationale visant la constitutionalisation des droits du consommateur.
WMC/TAP