A vendre : grands quotidiens américains à prix cassés

photo_1362038210021-1-1.jpg
ège du Boston Globe dans le Massachusetts, le 20 février 2013 (Photo : Darren Mccollester)

[28/02/2013 10:08:47] WASHINGTON (AFP) Quelques-uns des plus grands quotidiens américains sont actuellement en vente, un nouveau signe des difficultés de la presse écrite pour s’adapter à l’ère numérique.

Le groupe New York Times veut céder le Boston Globe. Le groupe Tribune cherche des acheteurs pour le Los Angeles Times, le Chicago Tribune et le Baltimore Sun. Et d’autres titres ont déjà changé de mains.

“Ces journaux de grandes agglomérations ont vraiment été une force médiatique majeure dans le pays”, en sortant “des scoops d’ampleur nationale”, souligne Ken Doctor, un analyste de la société de recherche Outsell. Mais “ils ont été les plus durement frappés par tous les changements et les perturbations liés au numérique.”

Ces quotidiens valent aujourd’hui dix fois moins qu’à leur heure de gloire il y a 10 ou 20 ans: le Boston Globe, acheté 1,1 milliard de dollars en 1993 par le New York Times, “se vendra pour environ 110 millions de dollars aujourd’hui”, estime M. Doctor.

L’an dernier, le Chicago Sun-Times s’est négocié selon les médias à 20 millions de dollars, contre 180 millions en 1994, et un groupe de journaux de Philadelphie incluant le Philadelphia Inquirer à 55 millions, contre 515 millions en 2006.

Dans les grandes villes, “les journaux dépendent très fortement des petites annonces, qui ont baissé d’environ 75% depuis leur plus haut historique. Ils ont aussi des coûts de distribution élevés”, explique Alan Mutter, consultant spécialisé sur les projets impliquant le journalisme et les technologies.

Ils souffrent du recul des ventes d’exemplaires imprimés et de la concurrence de sites de petites annonces comme Craigslist, n’arrivent plus à rivaliser sur les grosses affaires nationales et internationales, et ont des coûts élevés pour couvrir leur région.

photo_1362038293472-1-1.jpg
ège du Los Angeles Times, le 24 avril 2007 (Photo : Gabriel Bouys)

Parmi les acheteurs potentiels, “on ne verra pas de groupe de presse, à part peut-être News Corp”, l’empire de Rupert Murdoch qui détient notamment le Wall Street Journal et le New York Post, prévient M. Mutter. Mais il note que M. Murdoch est un acheteur cherchant des “trophées”, intéressé surtout par le prestige d’un titre et son influence.

Abonnements numériques

L’investisseur Warren Buffett a lui acheté des petits journaux, qui de l’avis des analystes s’en sortent un peu mieux, mais reste à l’écart des gros, qui ont du mal à dégager des bénéfices même avec des coupes drastiques dans leurs dépenses et leurs rédactions.

Des titres réputés comme le New York Times ou le Washington Post réduisent aussi leurs coûts mais cherchent parallèlement à augmenter leurs recettes numériques.

Le New York Times a des abonnements électroniques payants depuis 2011 et retire désormais plus d’argent de ses abonnements que de ses ventes de publicités. Le Washington Post envisage lui aussi de faire payer ses articles sur internet, et de vendre son siège en centre-ville.

Le secteur surveille également l’expérience de réduction de la fréquence de parution menée par certains quotidiens comme le New Orleans Times-Picayune, qui ne sort plus en version imprimée que trois fois par semaine, et a réduit ses dépenses de 25% tout en maintenant ses recettes publicitaires, selon M. Doctor.

S’il n’est pas certain que les abonnements numériques suffisent à maintenir les journaux en vie, la tendance va clairement dans cette direction. M. Doctor y voit “une voie vers un avenir rentable”, à condition de “maintenir un produit éditorial fort. Les gens veulent plus d’informations locales, ils veulent des articles d’investigation”.

Pour l’analyste, les journaux qui font des économies trop sévères pour des résultats à court terme pourraient donc en pâtir, tandis que “ceux qui prennent une approche de long terme s’en sortiront mieux”.