Réuni mercredi 27 février 2013, le Conseil d’administration de la Banque centrale de Tunisie (BCT) a relevé l’affermissement des indicateurs positifs de la reprise graduelle du rythme de la croissance dans la plupart des secteurs d’activité surtout ceux de l’énergie et des services, ce qui a permis la réalisation d’un taux de croissance de 3,6% en 2012 selon les récentes estimations de l’INS contre 3,5% prévu dans le Budget économique et un repli de 1,9% en 2011.
Le Conseil a également affirmé que les récentes évolutions négatives observées à l’échelle nationale et qui pourraient prolonger, en cas de poursuite du manque de visibilité, la situation d’attentisme et de prudence observée chez les opérateurs économiques, pourraient affecter l’activité économique et exacerber les pressions sur les équilibres financiers internes et externes.
Dans ce contexte et selon les dernières données disponibles concernant l’évolution du secteur industriel au début de cette année, il a été constaté que l’affaiblissement de la demande extérieure a affecté les secteurs exportateurs et plus particulièrement le secteur des industries mécaniques et électriques et celui des industries du textile et habillement qui ont accusé un net ralentissement de leurs exportations au cours du mois de janvier 2013.
Parallèlement, les indicateurs du secteur touristique ont connu une baisse notamment au niveau des entrées de touristes et des nuitées globales (-10,1% et -3,4% en glissement annuel, respectivement, au mois de janvier 2013) alors que les recettes à ce titre ont connu une légère progression de 1%.
Quant au secteur extérieur, et nonobstant la forte contraction du déficit courant de plus de 40% qui s’est situé à 0,5% du PIB en janvier 2013 contre 0,9% une année auparavant grâce au repli du déficit commercial, les avoirs nets en devises ont enregistré une baisse suite principalement au remboursement d’une tranche de la dette extérieure de l’ordre de 728 millions de dinars, pour revenir à 11.385 millions de dinars, soit l’équivalent de 107 jours d’importations en date du 25 février 2013 contre 12.756 millions de dinars et 119 jours à fin 2012.
S’agissant de l’évolution des prix à la consommation familiale, le taux d’inflation a atteint 6% en glissement annuel au mois de janvier 2013 contre 5,1% au cours du même mois de 2012, en rapport surtout avec l’accélération de la hausse des prix des produits alimentaires, notamment les produits frais dont les prix ont augmenté de 11,1%.
le Conseil a confirmé l’augmentation de nouveau des besoins de liquidité des banques durant le mois courant comparativement aux derniers mois et ce, en relation surtout avec l’accroissement notable du solde du compte courant du trésor qui a atteint 1.769 millions de dinars en moyenne durant le même mois, ce qui a amené la BCT à accroître ses interventions sur le marché monétaire à hauteur de 4.089 millions de dinars en moyenne quotidienne jusqu’au 24 février 2013 contre 3.653 millions de dinars en janvier dernier. Parallèlement, le taux d’intérêt moyen sur ce marché a atteint 4,24%, au cours de la même période du mois de février 2013, contre 4,11% pour le mois de janvier.
Pour ce qui est de l’activité bancaire, il est à signaler que l’encours des dépôts a connu une décélération (soit 0,2% en janvier 2013 contre 4,9% en décembre passé) qui a touché essentiellement l’encours des dépôts à vue et celui des comptes à terme. Les concours à l’économie ont connu également la même tendance en enregistrant une quasi-stagnation (0,2% contre 0,7%) en rapport surtout avec la baisse des crédits à court terme et la stagnation des crédits à moyen et long termes.
A la lumière de ces évolutions et compte tenu de la poursuite de la hausse des prix outre l’apparition d’indices reflétant la persistance des tensions inflationnistes dans les mois à venir, le Conseil a mis l’accent sur la nécessité d’un engagement ferme de toutes les parties prenantes afin de maîtriser les sources de ces pressions, qu’elles soient d’origine monétaire ou non monétaire, dans le but de garantir la stabilité des prix qui demeure une condition nécessaire pour assurer une croissance économique saine, durable et juste tout en préservant les équilibres financiers globaux. En outre, le Conseil estime nécessaire de conférer une plus grande marge de fluctuation au taux d’intérêt sur le marché monétaire, et a décidé de maintenir inchangé le taux d’intérêt directeur de la Banque Centrale.