L’Espagne parvient à réduire son déficit, mais sacrifie la reprise

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à Madrid le 19 décembre 2012. (Photo : Pierre-Philippe Marcou)

[28/02/2013 14:57:59] MADRID (AFP) L’Espagne est parvenue en 2012 à réduire son déficit public à 6,7% du PIB, au prix d’une politique de rigueur qui complique le retour à la croissance à l’horizon 2014 et creuse même la récession dans laquelle est plongée la quatrième économie de la zone euro.

L’Espagne “n’a pas besoin de nouvelles économies”, a lancé jeudi le ministre du Budget Cristobal Montoro, en confirmant les chiffres du déficit public, à 6,74% du Produit intérieur brut: un dérapage modéré par rapport au seuil de 6,3% négocié avec Bruxelles, mais une réduction draconienne après les 9,4% de 2011.

Les régions autonomes, dont les dérives budgétaires ont contribué à plonger l’Espagne dans la crise, affichent un déficit de 1,73%, un peu plus que les 1,5% fixés par Madrid, après 3,34% en 2011, tandis que le gouvernement central contient son déficit à 3,83% du PIB, inférieur aux 4,5% prévus (5,1% en 2011).

Ces chiffres sont le résultat “d’un grand effort”, a ajouté le ministre du Budget. “C’est un résultat qui donne l’espoir de sortir de la crise”, a-t-il affirmé.

Si le déficit public de l’Espagne se situe ainsi au-dessus des 6,3% visés, il reste en-dessous des prévisions les plus pessimistes de nombreux analystes qui s’inquiétaient de la bonne marche de l’effort d’assainissement des finances publiques, dans un pays plongé dans la récession depuis plus d’un an.

De plus, le chiffre officiel ne tient pas compte de l’aide de 41 milliards d’euros déjà versée par l’Union européenne aux banques espagnoles en difficulté, qui en revanche alourdira la dette publique.

Arrivé au pouvoir à la fin 2011, le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy a lancé une cure d’austérité historique, associant coupes budgétaires et hausses d’impôts, visant à récupérer 150 milliards d’euros sur trois ans et ramener le déficit public de l’Espagne à 4,5% du PIB cette année, puis 2,8% en 2014.

En assainissant les comptes du pays ainsi que son secteur financier, le gouvernement espérait rassurer ses partenaires européens et les marchés, qui ont évoqué en 2012 la menace d’un sauvetage de l’économie espagnole, avant le lancement en septembre, par la Banque centrale européenne (BCE), d’un mécanisme de rachat de dette souveraine qui a contribué à détendre la pression.

La réduction du déficit confirmée jeudi “entraîne sans aucun doute un regain de confiance envers l’Espagne,” avait assuré la veille Mariano Rajoy, tout en reconnaissant que cette réduction “signifie un énorme effort pour l’ensemble de la société espagnole”.

Car la politique de rigueur menée depuis un an, associée à un chômage de 26,02%, pèse lourd sur la demande intérieure et a contribué à accentuer le repli de l’économie espagnole en fin d’année.

En 2012, le PIB du pays a reculé de 1,4%, selon les chiffres officiels annoncés jeudi. Mais surtout, après un recul de 0,3% au troisième trimestre, ce repli s’est accentué au quatrième trimestre, à 0,8%.

Cette accélération s’explique par “une plus grande contraction de la demande intérieure”, a souligné l’Institut national de la statistique (Ine).

Les trois derniers mois de 2012 marquent ainsi le cinquième trimestre de destruction de richesse pour l’Espagne. Le pays avait vu son PIB chuter de 3,7% en 2009, suite à l’éclatement de la bulle immobilière, avant de sortir timidement de la récession en 2010 puis d’y plonger à nouveau à la fin 2011.

Depuis, la consommation des ménages, déjà moribonde sur fond de destruction d’emploi, a été durement affectée par des mesures comme l’augmentation de la TVA en septembre dernier ou par la suppression de la prime de fin d’année pour les fonctionnaires.

Dans ce contexte, la prévision officielle d’un recul du PIB de 0,5% cette année, avant un retour à une croissance de 1,2% en 2014, semble largement dépassée. La Commission européenne attend ainsi une contraction de l’économie espagnole de 1,4% cette année, avant une croissance de 0,8% en 2014.