La concurrence peine toujours à se développer dans l’électricité et le gaz

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ère à gaz (Photo : Alain Jocard)

[06/03/2013 12:34:51] PARIS (AFP) Autour de 90% des Français restent clients d’EDF et de GDF Suez, fournisseurs historiques d’électricité et de gaz, montrant la difficulté des opérateurs alternatifs à séduire les particuliers malgré l’ouverture à la concurrence des marchés de l’énergie.

Toutes catégories confondues, 92% des sites de consommation d’électricité fin décembre, correspondant à 69% de la consommation nationale de courant, restaient à fin décembre abonnés aux tarifs réglementés, qui ne peuvent être souscrits qu’auprès de l’électricien national EDF et d’une poignée d’opérateurs historiques locaux, selon l’observatoire trimestriel de la concurrence publié par la Commission de régulation de l’énergie (CRE).

En ce qui concerne uniquement les particuliers, la CRE note que l’ouverture du marché s’est poursuivie sur les trois derniers mois de 2012 “à un rythme plutôt stable avec 75.000 clients supplémentaires” passés à une offre de marché (c’est-à-dire dont les tarifs sont fixés librement par l’opérateur, qu’il soit historique ou alternatif), contre 79.000 au troisième trimestre.

Au final, 2,1 millions de clients particuliers sur un total de 30,8 millions sont en offre de marché, dont la quasi-totalité chez un fournisseur alternatif. Autrement dit, les concurrents d’EDF (comme Direct Energie qui a fusionné l’an dernier avec Poweo, Lampiris, Enercoop…) n’ont séduit que moins de 7% des particuliers, 5 ans et demi après l’ouverture totale à la concurrence des marchés de l’énergie.

Ces concurrents blâment régulièrement l’avantage structurel dont bénéficie EDF grâce au parc nucléaire hexagonal, qu’il est le seul à exploiter, même si la loi oblige depuis 2011 l’électricien historique à revendre aux opérateurs alternatifs le quart de sa production d’électricité nucléaire à un prix régulé.

Le gaz plus concurrentiel

Du côté du marché du gaz naturel, structurellement plus concurrentiel, 83% des sites étaient restés fin 2012 fidèles aux tarifs réglementés (proposés par GDF Suez et des opérateurs historiques locaux), soit 39% de la consommation.

Ainsi, près des deux tiers de la consommation gazière nationale est fournie via des offres de marché, à des prix librement fixés. Mais cette concurrence, nettement plus développée que dans l’électricité, s’exerce essentiellement sur le segment des industriels et des entreprises, où les concurrents de GDF Suez taillent depuis des années de larges croupières à l’opérateur historique.

Si l’on regarde la clientèle des particuliers, la concurrence est en effet beaucoup moins flamboyante: 1,7 million de sites sont en offre de marché sur un total de 10,6 millions, mais seulement 1,2 million sont passés chez un fournisseur alternatif, soit 11,3% du total, même si le rythme d’ouverture à la concurrence s’est accéléré au quatrième trimestre 2012, avec 87.000 clients supplémentaires en offre de marché.

Le groupe italien Eni, qui a racheté le fournisseur alternatif Altergaz, a lancé fin 2012 une offensive sur ce marché gazier, où il vise un demi-million de ménages clients en 2016, contre 170.000 en octobre.

Par ailleurs, la CRE confirme que les concurrents des opérateurs historiques parviennent à proposer des offres à meilleur prix que les tarifs réglementés, lesquels ont flambé ces dernières années. Dans l’électricité, l’offre la moins chère, pour un client moyen, est “4% inférieure au tarif réglementé”, et dans le gaz, elle est 10% plus basse.

Depuis le 1er juillet 2007, tous les consommateurs français ont la possibilité de changer de fournisseur d’électricité et de gaz. Et alors qu’à l’origine, un client ne pouvait plus bénéficier du tarif réglementé une fois qu’il y avait renoncé, ce qui a freiné le développement de la concurrence, on peut y revenir librement depuis 2008 pour l’électricité et 2010 pour le gaz.