Une personne consulte ses emails (Photo : Nicholas Kamm) |
[06/03/2013 13:00:12] HANOVRE (Allemagne) (AFP) Agacées par le temps gâché à trier les e-mails et par la distraction permanente qu’ils provoquent, certaines entreprises, comme le français Atos, tentent le pari de s’en passer bientôt en communiquant autrement, sur le modèle des réseaux sociaux.
“Ah vous voulez éradiquer les e-mails ? Et bien bonne chance !”, plaisante Tom Reuner, analyste dans le cabinet de conseils britannique Ovum.
Dans une étude récente, le cabinet américain McKinsey calculait qu’une personne travaillant dans un bureau passait en moyenne 28% de son temps de travail hebdomadaire à lire, écrire et trier ses dizaines voire centaines d’e-mails journaliers.
“Les e-mails ont permis d’atteindre un zénith de la communication, indépendamment du lieu et du temps”, explique à l’AFP Dieter Kempf, le président de la fédération allemande de la high-tech, présent au plus grand salon mondial du secteur, le Cebit à Hanovre (nord).
Mais cela n’empêche pas leurs utilisateurs, et lui le premier, reconnaît-il, de se plaindre tous les jours de leur invasion permanente.
“Je crois que nous pouvons apprendre beaucoup de la technologie des réseaux sociaux pour poser d’autres bases de communication dans l’entreprise”, estime M. Kempf.
En s’inspirant de Facebook ou de Twitter, les employés pourraient partager leur idées, dire aux autres ce qu’ils font en temps réel, partager des documents ou poser des questions à tous, en évitant d’avoir à envoyer une multitude de messages avec beaucoup de collaborateurs en copie.
C’est ce que veut faire d’ici 2014 le français Atos, avec son programme “Zéro Email” et sa plateforme de réseau social interne, montrée au Cebit, assez comparable à un profil Facebook.
Le patron de la société française de services informatiques Thierry Breton parle de vouloir dépolluer la société des e-mails, comparant la démarche aux mesures de “réduction de la pollution de l’environnement après la révolution industrielle”.
“Nous sommes sur la bonne voie pour déplacer d’ici le début de 2014 notre organisation vers un environnement de travail qui ne reposera pas sur les emails”, affirme à l’AFP Robert Shaw, responsable du programme, de passage au salon.
Avec “déjà environ 20.000 membres actifs” sur leur plateforme déjà opérationnelle blueKiwi, “les plus impliqués n’utilisent déjà plus les emails en interne”, précise M. Shaw, assurant qu’ainsi le travail est fait “de manière plus agréable et plus efficace”.
Atos affirme que changer les habitudes de communication peut augmenter la productivité de l’entreprise de jusqu’à 20%.
Le français n’est pas le seul à poursuivre cette démarche. Diverses entreprises, comme Lanvin, Deloitte ou Intel, ont tenté par ci par là d’instaurer une journée de la semaine sans e-mail.
Certains se sont lancés individuellement dans l’aventure, à l’image de l’un des pionniers du mouvement, Luis Suarez, chargé notamment de promouvoir “l’entreprise 2.0” dans le groupe américain IBM. Cela fait désormais cinq ans qu’il n’utilise plus ou à peine d’emails.
“Cela n’est plus assez coopératif, plus assez ouvert, plus assez transparent” et a développé “beaucoup de mauvaises habitudes”, expliquait-il il y a quelques jours dans une vidéo postée sur internet.
Il reconnaît toutefois que cela demande un long “travail d’éducation” de ses interlocuteurs pour changer leurs habitudes.
En outre, les limites de l’expérience sont d’ores et déjà visibles. “Cela ne peut se faire qu’au niveau interne (d’une entreprise) car vous pouvez changer le comportement des employés, mais comment vous faites avec les fournisseurs et les contacts extérieurs ?”, souligne Tom Reuner.