énissieux, près de Lyon, le 12 décembre 2012 (Photo : Philippe Merle) |
[07/03/2013 12:19:05] LYON (AFP) Cédés en 2012 à des repreneurs, deux groupes industriels lyonnais du secteur de la chimie, Veninov et Kem One, restent dans l’incertitude quant à leur avenir industriel, suscitant les craintes et la colère des syndicats qui en ont appelé aux pouvoirs publics.
Mardi matin, alors que les syndicats de Kem One, étaient reçus par le Préfet du Rhône, ceux de Veninov rencontraient leur patron, l’Autrichien Johann Windhager, avant d’être reçus à leur tour par le préfet, avec le même objectif: assurer la pérennité d’une activité fortement menacée.
Chez Veninov, les ex-salariés de l’entreprise, de Vénissieux, spécialisée dans la fabrication de nappages plastifiés, notamment de la marque Vénilia, peuvent pourtant espérer voir enfin le bout du tunnel.
Mercredi, les dirigeants de Windhager ont annoncé le redémarrage du site avec l’embauche de 20 salariés à temps partiel, dans le cadre d’un accord global.
Mais après des mois d’atermoiements de leur repreneur, les salariés entendent obtenir des garanties et un accord signé en bonne et due forme, tant ils s’estiment “échaudés” par les espoirs jusque-là déçus.
Les 87 ex-salariés de Veninov, la plus vieille entreprise de Vénissieux, qui fabrique de la toile cirée depuis 140 ans, croyaient pourtant avoir fait le plus dur, quand en mai 2012 le tribunal de commerce de Nanterre avait accordé à Windhager le droit de reprendre le site, placé en liquidation judiciaire depuis juillet 2011.
Un épilogue en forme de quasi victoire pour les salariés après un long combat contre le précédent propriétaire, le groupe Alkor-Vénilia appuyé sur le fonds d’investissement américain Gordon Brothers, marqué par six mois d’occupation du site.
Mais les ordonnances du tribunal qui prévoyaient le redémarrage de l’entreprise “avant la fin 2012 avec 40 à 50 salariés”, n’ont toujours pas été appliquées à ce jour.
Longtemps silencieux, le repreneur avait expliqué en décembre que finalement “le terme de redémarrage avait peut-être été employé à tort”, évoquant des machines “obsolètes” et une “marque quelque peu dégradée”.
Finalement, il aura fallu l’obstination des anciens salariés, et aussi que le tribunal menace le groupe d’une astreinte de 30.000 euros par jour, si au 11 avril il ne s’était toujours pas conformé à ses engagements sur la reprise d’une activité industrielle, pour que les responsables de Windhanger présentent un nouveau plan.
Dette à risque
à Lyon (Photo : Jeff Pachoud) |
Chez Kem One, le groupe lyonnais né de la cession des activités vinyliques du chimiste Arkema au financier américain Gary Klesch, les syndicats s’inquiètent eux aussi pour la pérennité de l’activité, au vu du bilan financier catastrophique du groupe, sept mois plus tard.
Une rencontre est prévue jeudi matin à Bercy avec les services du ministre du Redressement Productif, Arnaud Montebourg.
Mais, à la différence des Veninov, eux n’ont jamais cru au plan de reprise de l’actionnaire unique Gary Klesch, auquel ils se sont même toujours opposés au vu de son pedigree.
Passé par l’administration Ford dans les années 70, pour mettre notamment en oeuvre la première dérégulation de Wall Street, avant de prospérer dans la “distressed debt”, la dette à risque des entreprises, Klesch s’est fait une spécialité de la reprise des entreprises en faillite… avant liquidation.
“On ne connaît pas d’endroit où il soit resté plus de 5 ans. Il ne vient pas pour exploiter mais pour siphonner la trésorerie”, disaient de lui en février 2012 les syndicats d’Arkema avant la cession pour 1 euro symbolique en juillet 2012.
Un an plus tard tous les syndicats de Kem One, viennent de déclencher un droit d’alerte pour savoir notamment où sont passés les quelque 100 millions d’euros de trésorerie versés par Arkema à la cession, n’hésitant pas à évoquer un “détournement de fonds”.
Mais comme Windhager, Gary Klesh se défausse, assurant avoir été victime d’une “fausse information”. Il a annoncé lundi qu’il poursuivait Arkema devant la justice et exigeait 310 millions d’euros de dommages et intérêts.
Pas de quoi rassurer les 1.800 employés français du groupe, répartis sur plusieurs sites dans la région lyonnaise et en PACA, ni les quelque 10.000 salariés du secteur de l’industrie pétrolière et chimique, pour lesquels un arrêt de l’activité de Kem One pourrait avoir des conséquences considérables.