Parallèlement au Forum économique, il s’est ouvert ce matin 7 mars le Forum scientifique avec la participation notamment d’Aymen Zriba, président de l’Ordre des architectes tunisiens, Mongi Miled, président de l’Ordre des ingénieurs tunisiens, et d’Albert Dubler, président de l’Union internationale des architectes.
La première séance, ayant porté sur le thème de la “Stratégie de l’habitat en Tunisie”, a été présidée par Fayçal Rekhis (ingénieur diplômé de l’Ecole nationale supérieure de Chimie de Toulouse, entre autres).
Il y a également la présentation de “l’expérience de la SNIT dans le domaine de l’habitat social” ; puis le thème “Mieux vivre en 2050” (avec l’intervention de Michel Kalt (architecte, directeur du Programme international Habitat région 1 de l’Union internationale des architectes-France), qui a soulevé les problèmes posés actuellement dans les métropoles, les villes moyennes et l’espace rural dans les pays de l’Europe de l’Ouest ; “Participatory approach for housing design and implementation” (présenté par Hany El Miniawy (architecte et lauréat du prix de l’Union internationale des architectes – Egypte) .
La séance suivante se penchera sur les thèmes de la “Politique de l’Habitat”, “Les politiques de l’habitat et leurs impacts sur l’économie”, “From Heritage Roots to Architecture Fruits”…
Dans son intervention sur la Politique de l’habitat, Albert Dubler a évoqué «l’aménagement urbain», «le rôle des architectes en matière d’aménagement et de construction», «la conception en matière de logements» et «les nouvelles technologies de constructions»
Parlant de l’aménagement urbain, Dubler considère que c’est «la transcription sur le terrain d’une volonté politique d’organisation de la société. L’absence ou les défauts de réflexion en ce domaine conduisent à ce que l’on appelle aujourd’hui pudiquement des établissements informels». Pour lui, ces établissements ont aussi des noms plus connus, tels « bidonvilles, townships, favellas, slums…».
Quant au rôle des architectes en la matière, il estime que «l’aménagement urbain se fonde sur les compétences de maîtrise de l’espace dans un environnement donné…», ce qui nécessite des connaissances et les effets de toutes les interactions possibles. Il va plus loin pour rappeler qu’en 2011, lors de la Journée mondiale de l’architecture, les participants avaient décréter que «l’architecture est un Droit de l’Homme »…
Par la suite, il a souligné dans son intervention que la conception de logements a besoin de se remettre en question, car, «nos standards ont été imaginés il y a un siècle, dans l’Europe de la “Belle Epoque“ sur la demande des débuts de l’urbanisation ou de l’exode rural». Du coup, «ces modèles portent la marque de leur époque». Et de suggérer d’engager une nouvelle réfléxion en la matière, en tenant compte de «la mobilité actuelle, engendrée par la mondialisation, qui ne peut que difficilement assumer le mode de capitalisation foncière imaginé il y a cinquante ans. Les mutations du monde du travail conduisent à la mobilité du logement. Celle-ci conduit à la spéculation. La spéculation conduit à l’exclusion des plus pauvres».
Tout ceci le conduit à évoquer “les nouvelles technologies de constructions“. En gros, il a affirmé que «l’hyperspécialisation de l’industrie de la construction a anéanti la polyvalence traditionnelle qui avait été le fondement de nos établissements dans le passé. Elle a aussi éliminé toute une gamme de matériaux traditionnels et a inondé le monde entier des mêmes produits dominants». Ce qui, selon Dubler, constituerait une sorte de «banalisation de l’habitat à l’échelle mondiale. Mais cela peut aussi être l’occasion pour les architectes d’inventer le futur avec ces matériaux en prenant en compte les changements que la société a déjà opéré».