Le 7 mars 2012 s’est tenu le forum scientifique organisé en marge du salon MEDIBAT dans sa 12ème édition. Sur la problématique de la politique de l’habitat, avec des interventions d’architectes, d’experts locaux et étrangers ainsi que les présidents respectifs de l’Ordre des architectes tunisiens, l’Ordre des ingénieurs tunisiens et l’Union internationale des architectes.
Différentes questions concernant la politique de l’habitat ont été abordées en évoquant tout au long de cette première journée les expériences de différents pays, notamment la Tunisie, l’Europe de l’Ouest, la Finlande, sans oublier l’Egypte.
Concernant l’expérience tunisienne en matière de politique de l’habitat, Najib Snoussi, directeur général de l’habitat au sein du ministère de l’Equipement, a souligné l’importance de la stratégie gouvernementale concernant le secteur de l’habitat dans les stratégies de développement économique et social. Il a notamment évoqué les principes de mise en place de cette stratégie ainsi que l’ensemble des réformes législatives, institutionnelles et financières qui ont accompagné cette stratégie tout au long des dernières années (modification de la loi régissant le secteur de l’immobilier, le remplacement de la Caisse Nationale d’Épargne Logement par la Banque de l’Habitat, etc.) tout en énumérant l’évolution des mécanismes de financement mis en place pour soutenir cette stratégie.
Mme Houda Maaoui, directrice des études et de la programmation a parlé de l’expérience tunisienne. Après une brève présentation de la Société National Immobilière de Tunisie (SNIT), l’intervenante a notamment évoqué les raisons du déclin de l’activité de la SNIT qui est dû, entre autres, à l’apparition d’un cadre qui favorise la concurrence, la création de structures parallèles de promotion immobilière, l’absence d’une politique claire de l’habitat de la part du gouvernement. Le rôle de la SNIT étant de produire des logements sociaux à moindre coût, elle se doit par ailleurs d’être opérationnelle et efficace, ce qui la pousse à faire des choix techniques pertinents, à explorer de nouvelles approches pour la réalisation des programmes de l’État dans sa nouvelle pratique de construction de logements sociaux.
Mme Maaoui conclura son intervention en soulignant qu’«il est plus que jamais temps de reprendre en main la stratégie de la SNIT et en faire l’instrument phare dans le secteur de l’Habitat».
Dans le cadre du thème « Mieux vivre en 2050 », l’architecte Michel Kalt, directeur du programme international «Habitat région 1» de l’Union Internationale des Architectes-France, nous a fait découvrir, à travers une présentation riche en enseignements, les différentes expériences de l’application de la politique d’habitat dans les pays scandinaves et l’Europe de l’Ouest (Stockholm) ou encore Nanterre (Île de France).
M. Kalt part du principe qu’«une saine politique de l’Habitat doit prendre en considération la nécessité de vivre en harmonie avec la nature, de s’inscrire dans le génie des lieux…». Il estime que la question de l’habitat est «l’affaire des politiques», avec la nécessité de la présence et du soutien des architectes.
Päivi Nikkanen-Kalt, Architecte, représentante de la Finlande dans le groupe « Habitat Région 1 » de l’Union Internationale des Architectes, a enrichi l’intervention de Michel Kalt en exposant le cas de Helsinki en Finlande qui a fait l’objet d’un projet en vue d’établir des stratégies et des solutions dans le but de résoudre les divers problèmes touchant la qualité de l’habitat dans cette ville (circulation des véhicules, changements climatiques, etc.).
L’exemple de la politique de l’habitat adoptée en Égypte a été présenté par Hany El Miniawy (architecte et lauréat du prix de l’Union Internationale des Architectes – Égypte). L’intervenant a mis l’accent sur le phénomène de la construction d’habitat informel dont souffre l’Égypte et les solutions qui ont été mises en œuvre en vue d’améliorer la qualité de l’habitat et contribuer ainsi à la réduction de la pauvreté en réconciliant coût, efficacité et respect de l’environnement dans cette approche participative. Ceci s’est fait à travers l’utilisation de matériaux de construction locaux et/ou modifiés, l’instauration d’une technologie de construction simple et appropriée respectant le patrimoine architectural et l’expérience locale mais aussi la participation de la communauté et son implication dans les projets réalisés.
Pour conclure, une politique d’habitat réussie ne peut être que celle qui prône l’intérêt et le bien-être des citoyens tout en respectant l’environnement dans lequel il évolue.