Le logo de Google sur une tablette (Photo : Lionel Bonaventure) |
[09/03/2013 10:28:13] NEW YORK (AFP) L’action Google vole de record en record ces dernières semaines, profitant des malheurs du rival Apple mais aussi d’un regain de confiance pour ses activités, surtout mobiles.
Le titre a pris 17% depuis le début d’année, et vaut aujourd’hui près de 10 fois plus qu’à son entrée en Bourse, en août 2004, pour 85 dollars.
Google a encore enregistré coup sur coup cette semaine deux nouveaux records en clôture, à 821,50 dollars lundi puis 838,60 dollars mardi, et certains analystes, comme ceux de la banque Jefferies, le prédisent bientôt à 1.000 dollars.
Cet enthousiasme contraste avec le désamour pour le grand rival Apple, qui a perdu près de 40% en Bourse depuis son plus haut historique de 702,10 dollars en septembre.
“La négativité qui entoure Apple en ce moment donne de la positivité à Google” et “aide” son cours de Bourse, reconnaît Carolina Milanesi, une analyste du cabinet de conseil Gartner interrogée par l’AFP.
Mais “si on regarde les mérites de l’entreprise elle-même, (…) il y a beaucoup d’avancées en ce moment”, souligne-t-elle.
Beaucoup d’analystes sont plus optimistes sur la capacité de Google à négocier la transition vers le mobile, qui oblige beaucoup de groupes internet à remettre en question leur façon de gagner de l’argent.
Son système d’exploitation mobile Android fait tourner 70% des smartphones dans le monde, une domination qui “assure que Google conserve une large part du marché de la recherche mobile”, relève la société d’investissement Trefis. “Un utilisateur de smartphone Android sera toujours plus susceptible d’utiliser Google Search qu’un utilisateur d’un autre système d’exploitation”, ajoute-t-elle.
“Attirer les consommateurs dans leur écosystème (Google Search, Google Maps, etc.) est plus important que de les voir utiliser Android”, note aussi Mme Milanesi, soulignant la nécessité de rentabiliser les investissements dans ce logiciel que Google laisse les fabricants utiliser gratuitement.
Plusieurs experts saluent aussi les modifications récentes de la plateforme de publicité en ligne AdWords, y voyant une chance pour Google d’augmenter les recettes qu’il tire des annonces mobiles, qui jusqu’ici lui rapportaient moins que celles sur les ordinateurs classiques.
Généralement positifs sur l’activité centrale de recherche en ligne, les efforts dans le commerce sur internet ou la filiale de vidéo YouTube, les analystes sont plus partagés sur l’offensive dans les appareils et le rôle qu’y tient Motorola.
Google, qui commercialise des smartphones et des tablettes sous la marque Nexus, a présenté récemment un ordinateur portable haut de gamme (Chromebook Pixel) et travaille sur de très médiatisées lunettes interactives.
Mme Milanesi toutefois “ne pense pas que Google soit sur le même créneau qu’Apple et qu’il tirera beaucoup de revenus des appareils”.
Surtout, dit à l’AFP Trip Chowdhry, de Global Equities Research, “Google doit décider quoi faire de Motorola”.
Google y a encore annoncé cette semaine 1.200 suppressions d’emplois après déjà 4.000 l’été dernier, et a beaucoup élagué les activités de cette filiale déficitaire, achetée en mai surtout pour ses brevets.
Mais pour Trip Chowdhry, faute de résultat d’ici six mois, “Motorola devra être fermé”. La filiale “n’a pas eu un seul succès ces deux dernières années” et ne figure même pas parmi les fabricants auquel Google délègue la fabrication des produits Nexus, relève-t-il.
Google pourrait aussi voir son élan brisé par les régulateurs. “Quand vous devenez aussi gros, vous vous retrouvez dans le viseur de tous les régulateurs et autorités de la concurrence. Jusqu’ici Google a été très intelligent, plutôt bon pour gérer cela”, mais c’est “une inquiétude constante”, note Trip Chowdhry.
Si Google a obtenu l’abandon d’une enquête antitrust de la FTC américaine, des procédures restent en cours en Europe, et la Chine s’est aussi inquiétée récemment de la domination d’Android.