Le Salon méditerranéen du bâtiment (MEDIBAT) constitue un moment fort pour la région de Sfax voire au-delà. Tout Sfax vit au rythme de cette manifestation. Pour la plupart c’est un événement à ne pas rater. Et cette année, MEDIBAT est venu apporter, l’espace de quatre jours, une bouffée d’oxygène.
Hôteliers, chauffeurs de taxi, commerçants, restaurateurs, sociétés de gardiennage ou de protection et bien d’autres sont unanimes pour souligner l’importance de ce Salon pour l’économie de la région. Pour preuve, même des pharmaciens nous ont dit que leur chiffre d’affaires augmente durant toute la période de la manifestation. C’est dire l’importance du MEDIBAT pour les habitants.
Mme Souhail, qui tient une petite gargote à quelques pas de la Foire de Sfax, pour qui, depuis 2011, «date de ce que certains appellent la révolution, la vie est loin d’être un fleuve tranquille… Mais heureusement que nous avons MEDIBAT tous les deux ans». Et cette année, le Salon a un goût vraiment particulier : «Parfois, pendant les jours ordinaires, ma recette ne dépasse 30 dinars, et j’ai trois enfants que je nourris toute seule, mon mari étant décédé depuis de 5 ans», affirme-t-elle.
Pas loin de là, un autre restaurant a du mal à servir tous les clients, pourtant il a recruté trois cuisinières et 5 serveurs supplémentaires, contre seule trois personnes en dehors du Salon MEDIBAT. «Depuis la veille du Salon et jusqu’à ce vendredi 8 mars, nous servons environ 300 couverts par jour, contre moins de 50 avant et après la manifestation», déclare le propriétaire.
Mohamed est chauffeur de taxi depuis une vingtaine d’années, mais les affaires ne marchent plus comme avant ; alors il loue son taxi. Cependant, durant MEDIBAT, je récupère mon taxi que conduis moi-même, car avec cet événement, je multiplie mes recettes par 6 voire 8. Que Dieu nous préserve encore longtemps MEDIBAT… vous vous rendez compte s’il n’y avait pas cette manifestation comment serait les commerces?».
Dans la médina de Sfax, même son de cloche, on prie son Dieu pour que cette manifestation perdure encore et encore. Ali, qui gère une grande boutique de lingerie, est catégorique, «qu’on le veuille ou non, MEDIBAT est une véritable bouffée d’oxygène pour les commerces. Tenez, depuis le mois de décembre de l’année dernière, il m’est arrivé de rester parfois deux semaines sans vendre ne reste qu’un drap. La crise est visible sur tous les visages». Il nous a également raconté que beaucoup d’étrangers viennent acheter chez lui, et ce à chaque fois a lieu MEDIBAT. «Pour tout vous dire, lors du MEDIBAT, avoue-t-il, je réalise un chiffre d’affaires supérieur à celui que je réalise habituellement pendant les fêtes».
Les boutiques de vêtements ou de chaussures du centre-ville, elles aussi ne désemplissent pas, même si là aussi, on entend ici et là le même refrain, la crise. Pour Mouna, propriétaire d’une boutique de chaussures, nuance un peu les propos pessimistes des autres commerçants. Elle assure que même sans MEDIBAT, «… j’arrive à vendre tant bien que mal car j’ai réussi à fidéliser une certaine clientèle par la qualité des chaussures. Néanmoins, pendant MEDIBAT, je dois reconnaître que mon chiffre d’affaires mon un peu plus».
Les cafés aux alentours de la Foire, sur l’avenue Bourguiba ou ailleurs au centre-ville, ils affichent complets durant le MEDIBAT, alors que pour le reste, ils sont pratiquement clairsemés.
Les hôtels ne sont pas en reste. Tous affichent complets, et ce même si la qualité de service n’est pas au rendez-vous. Mais que voulez-vous, rareté oblige. D’ailleurs, il faut y ajouter les appartements des particuliers qui les louent à la semaine ou au jour. Avec souvent des prix exorbitants, comme s’il n’y avait pas de crise!
Certes, peu de magasins ont fermé au centre-ville de Sfax, mais dès qu’on s’éloigne, on remarque tout de suite les dégâts de la crise… Elle est visible pratiquement partout. Alors, une manifestation comme MEDIBAT apporte incontestablement de l’éclaircie dans cette grisaille économique. Au point que certains souhaiteraient que MEDIBAT soit une manifestation annuelle, tout en reconnaissant que ce serait lourd à organiser, et que par conséquent le Salon perdrait de son attrait depuis sa création.