Dans son dernier rapport, rendu public ce mardi 12 mars 2013, l’ONG Reporters sans frontières (RSF) dresse ce qu’elle appelle les “ennemis d’Internet“. La nouveauté dans ce rapport, c’est qu’il y a désormais, en plus des Etats, des entreprises -alors que jusqu’à présent ce sont les Etats qui s’adonnaient à la pratique de la censure d’Internet.
En effet, dans ce “Rapport spécial sur la surveillance“, RSF considère que les 5 régimes ennemis d’Internet sont le Vietnam, l’Iran, la Chine, la Syrie et le Bahreïn, dans le sens où ces derniers mènent «une politique de surveillance en ligne systématique avec de graves violations des droits de l’homme», visant tout particulièrement les voix critiquant les régimes en place.
Selon le site pro.clubic.com qui a reçu le rapport, RSF souligne que «grâce aux technologies d’intrusion informatique et d’interception de communications, les Etats procèdent à un nombre grandissant d’arrestations de journalistes, de citoyens-journalistes et de dissidents», et «rappelle la portée de dispositifs comme la Grande Muraille Electronique chinoise, la volonté iranienne de mettre en place son propre réseau de communications coupé du reste du monde et la généralisation, dans les pays concernés, des outils visant à surveiller et intercepter les communications électroniques, voire à limiter les possibilités d’anonymat offertes par Internet».
En plus de ces Etats, l’ONG ajoute cette année 5 entreprises spécialisées dans la conception d’outils de gestion et de surveillance du réseau; entreprises qualifiées par l’organisation de «mercenaires de l’ère digitale». Et de préciser : «Utilisées à des fins légitimes de lutte contre le cybercrime, les technologies concernées se transforment en redoutables outils de censure et de surveillance contre les défenseurs des droits de l’Homme et les acteurs de l’information lorsqu’elles sont utilisées par des régimes autoritaires».
La première d’entre elles, c’est le français Amesys (filiale de Bull), qui fait l’objet d’une enquête “pour avoir équipé depuis 2009 un centre de surveillance informatique du régime de Kadhafi en Libye“. Les autres entreprises sont Hacking Team (Italie), Trovicor (Allemagne), Gamma International (Grande-Bretagne) et Blue Coat (Etats-Unis).
A partir de là, le secrétaire général de RFS, Christophe Deloire, estime que : «Comme de graves violations des droits de l’homme sont rendues possibles par l’utilisation de matériels ou de technologies de surveillance fournies par des entreprises basées dans des pays démocratiques, il est temps que les dirigeants de ces pays, qui condamnent officiellement les atteintes à la liberté d’expression en ligne, prennent des mesures fortes, notamment mettent en place un contrôle strict de l’exportation des armes digitales vers des pays qui bafouent les droits fondamentaux».