L’Institut national de la statistique (INS), bien que se basant sur des méthodes scientifiques, doit, cependant, revoir ses modes de calcul du taux d’inflation, en tenant compte de la nouvelle composition du panier des biens et services du consommateur tunisien. C’est ce qu’estime Moez El Joudi. Le taux d’inflation qui, selon l’INS, a régressé de 0,2 point pour s’établir à 5,8%, en février 2013, contre 6% en janvier 2013, est mis en doute par le consommateur au vu de la flambée des prix et de la détérioration continue de son pouvoir d’achat.
M. El Joudi a déclaré qu'”il ne doute pas de la fiabilité des chiffres de l’INS”, expliquant, toutefois, que le taux d’inflation, tel que calculé, actuellement, par l’INS d’après un panier qui ne tient pas compte des nouvelles habitudes de consommation du tunisien (Internet, transport…), “peut remettre en cause la véracité du chiffre annoncé”, a-t-il dit.
En effet, si ce panier n’inclut pas les nouveaux produits consommés par les tunisiens et reste composé majoritairement des biens subventionnés, dont les prix n’évoluent pas, “le taux d’inflation ne pourra être que biaisé”, a encore précisé l’expert.
Aussi pour l’expert, “le taux effectif se situe entre 8 et 9%,” alors que “dépasser un taux d’inflation de 3% est d’ores et déjà grave”, a-t-il avertit, lors d’un entretien téléphonique accordé mardi, à la TAP. D’où l’impératif pour l’INS, a souligné M. El Joudi, de revoir ses méthodes de calcul de manière à aider le gouvernement à “mieux agir et faire face à la situation”, reprochant, en outre, aux gouvernants de ne pas “avoir temporisé davantage la décision d’augmenter les prix des hydrocarbures”.
Les prix des hydrocarbures ont été revus à la hausse, lundi 4 Mars 2013. Cette hausse ne peut “qu’impacter négativement les prix des autres produits de consommation et faire augmenter le taux d’inflation”, a soutenu M. El Joudi. L’inflation, a-t-il encore fait savoir, n’est pas uniquement d’ordre financier mais est imputée à d’autres facteurs, telles “que la contrebande et l’économie informelle, outre l’inflation importée”. Celle-ci résulte de la hausse du coût des importations en raison de la baisse de la valeur du dinar, entraînant, par conséquent, un accroissement des prix au niveau national, a expliqué l’expert.
Selon M. El Joudi, “la décision de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) d’émettre de nouvelles pièces de monnaie de deux dinars et de 200 millimes ne résoudra pas, à elle seule, le problème de l’inflation”, appelant à mettre en place une stratégie cohérente de lutte contre l’inflation impliquant toutes les parties intervenantes (départements du commerce, de l’intérieur et des finances).
WMC/TAP