ésidente du Medef, le 7 mars 2013 à Strasbourg (Photo : Frederick Florin) |
[15/03/2013 07:27:39] PARIS (AFP) Laurence Parisot, décidée à modifier les statuts du Medef pour se maintenir à sa tête, risque de voir rapidement ses espoirs brisés par un vote négatif du conseil exécutif de l’organisation patronale, selon une enquête menée par l’AFP auprès de ses membres.
Le second mandat de la patronne des patrons s’achève le 1er juillet et les statuts lui interdisent d’en briguer un troisième. Mais, à la surprise générale, elle a saisi mi-janvier le comité statutaire du Mouvement des entreprises de France (Medef) pour examiner une révision des règles internes.
Après deux mois de réflexion sur fond de polémiques, et alors que la bataille pour la succession est lancée avec déjà quatre candidats en lice face à Laurence Parisot, ce comité va rendre son avis lundi devant le conseil exécutif.
Si les “sages” préconisent une refonte des statuts, le conseil exécutif devra la valider à la majorité de ses 45 membres. Le vote aura lieu lors d’une réunion extraordinaire d’ici tout début avril, mais la partie s’annonce déjà difficile pour Laurence Parisot.
L’AFP a contacté cette semaine 31 des 45 membres de l’instance dirigeante du Medef, pour la plupart directement et une poignée via leur proche entourage. Leur position, souvent confiée sous le sceau de l’anonymat, fait apparaître un patronat divisé et plutôt hostile aux manoeuvres de sa présidente.
à la présidence du Medef, le 12 février 2013 à Paris (Photo : Eric Piermont) |
Sur ces 31 responsables, 14 se disent clairement contre une réforme des statuts qui permette à Laurence Parisot de se maintenir et seulement cinq affirment ouvertement soutenir sa démarche. Les 12 autres ne se prononcent pas ou se disent indécis.
Les divisions se retrouvent au sein des différentes composantes du conseil: représentants des fédérations professionnelles, présidents des Medef territoriaux et jusqu’aux personnalités cooptées par Laurence Parisot elle-même.
Parmi les partisans déclarés d’une réforme qui ouvrirait la voie à un maintien de la patronne des patrons, certains sont connus, comme le chef de file de l’Union française des industries pétrolières (Ufip) Jean-Louis Schilansky et celui de la Fédération Syntec Jean-Luc Placet.
Les présidents des Medef Picardie et Pays de la Loire, Jean-Jacques Blangy et Bruno Lucas se montrent aussi ouverts. “Cela ne me dérange pas qu’elle soit candidate, même si ça ne signifie pas que je voterai pour elle”, explique le premier à l’AFP.
“l’unité”
L’entourage de Laurence Parisot revendique par ailleurs le soutien d’un poids lourd du patronat, l’ex-banquier Michel Pébereau, l’un de ses parrains historiques.
Certains opposants se sont aussi déjà exprimés publiquement, notamment les candidats déclarés à la présidence Pierre Gattaz et Geoffroy Roux de Bézieux, ou le candidat potentiel Frédéric Saint-Geours, patron de la puissante Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM). En province, les Medef Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côtes d’Azur sont mobilisés.
à la présidence du Medef, le 27 février 2013 à Paris (Photo : Eric Piermont) |
Mais en privé, plusieurs anciens alliés proches de Laurence Parisot ne décolèrent pas contre ses velléités. “Je veux bien qu’on change les statuts pour l’avenir, mais il est hors de question que ça s’applique à elle”, glisse l’un d’eux.
Les indécis, eux, expliquent vouloir consulter l’organisation professionnelle ou territoriale qu’ils représentent avant de se prononcer.
Plusieurs insistent toutefois sur la nécessité de préserver “l’unité” de la principale organisation patronale française et ne semblent pas disposés à donner un blanc-seing à Laurence Parisot si un vrai consensus ne se dégage pas en ce sens. “Il faut qu’on évite de se foutre sur la gueule sur des questions de statuts et d’ambition personnelle”, résume le chef de file d’une fédération professionnelle.
Avenue Bosquet, l’entourage de la principale intéressée ne se démonte pas. Un de ses proches assure que les positions se décanteront une fois que les recommandations du comité statutaire seront connues.
Dans ce contexte, deux éléments pourraient jouer en défaveur de la présidente sortante. D’abord, les modalités du scrutin: plusieurs indécis ont réclamé un vote à bulletins secrets. “Je ne vois pas comment Laurence pourrait refuser”, affirme un membre de l’instance dirigeante.
Surtout, si jamais, à une très courte majorité, le conseil exécutif devait donner son feu vert à une révision des statuts favorable à Mme Parisot, cette réforme serait ensuite soumise, dans des délais assez brefs, à l’Assemblée générale du Medef. Là, il faudrait réunir une majorité des deux tiers des 560 votants.
“Les projets de la présidente ne passeront jamais en AG”, calcule un ténor patronal, avant de lâcher: “Autant arrêter les frais tout de suite”.