éléphones portables dans un magasin (Photo : Jean-Sebastien Evrard) |
[15/03/2013 12:55:22] PARIS (AFP) Les quatre opérateurs télécoms français ont vécu une semaine agitée, l’Autorité de la concurrence et le régulateur ayant décidé de rebattre les cartes du marché mobile, pour s’assurer que Free respecte ses engagements d’investissements et favoriser un déploiement plus rapide de la 4G.
Le vainqueur de la semaine est incontestablement Bouygues Telecom, dont le titre de la maison-mère Bouygues prenait d’ailleurs 5,27% à la Bourse de Paris à 11H55 (10H55), dans un marché en baisse de 0,49%.
Le troisième opérateur français a en effet décroché jeudi – au grand dam d’Orange et de SFR – le feu vert pour déployer la nouvelle génération de téléphonie mobile 4G sur ses fréquences 1.800 MHz, jusqu’ici réservées à la 2G (voix et SMS).
“Habemus #1.800”, s’est ainsi exclamé sur Twitter Olivier Roussat, directeur général de Bouygues Telecom, après l’annonce par l’Arcep que le groupe pourrait mettre en oeuvre ce basculement dès le 1er octobre, clin d’oeil au fameux “habemus papam” annonçant mercredi l’élection du pape François.
L’opérateur s’estime en mesure de proposer dès cette date des offres commerciales à ses clients “sur une partie significative du territoire”, a indiqué vendredi à l’AFP Didier Casas, son secrétaire général.
Pour l’analyste Stéphane Dubreuil, du cabinet Sia Conseil, “à partir du moment où l’opérateur déploie dans les grandes villes, où il y a des concentrations de population, il peut atteindre assez rapidement 40 à 50% de couverture”.
Les avantages sont nombreux par rapport aux fréquences 2,6 GHz et 800 MHz initialement retenues pour développer la 4G: outre le fait que le 1.800 MHz pénètre mieux dans les logements, y faire passer de la 4G “coûte moins cher en termes de déploiement et de maintenance”, ajoute M. Dubreuil.
Bouygues Telecom prendrait alors de vitesse Orange et SFR, qui commencent timidement à proposer dans plusieurs villes des offres commerciales 4G délivrées via les fréquences “classiques”, pour lesquelles Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free ont déboursé un total de 3,5 milliards d’euros en 2012.
Pression accrue sur Free Mobile
Bouygues pourrait également bénéficier d’un autre avantage: les nouvelles fréquences sur lesquelles il va déployer la 4G sont compatibles avec plus de modèles de smartphones, notamment l’iPhone5 d’Apple et certains des derniers Samsung.
éphane Richard, du DG de Bouygues Telecom, Olivier Roussat, du patron de Free Mobile, Xavier Niel, et du PDG de SFR Jean-Bernard Lévy (Photo : Kenzo Tribouillard) |
Et si cette décision de l’Arcep a hérissé Orange et SFR, qui crient à l’avantage concurrenciel, le président de l’Autorité des télécoms Jean-Ludovic Silicani a affirmé qu’elle constitue au contraire “une incitation pour tous les acteurs à accélérer les investissements et le déploiement” en 4G.
Free Mobile pourrait d’ailleurs également bénéficier de cette décision: s’il ne possède pas de fréquences 1.800 MHz, il devrait récupérer une partie de celles que l’Arcep a demandé à Bouygues Telecom d’abandonner, par souci de rééquilibrage.
La semaine n’a cependant pas été très favorable à Free Mobile: lundi, l’Autorité de la concurrence, saisie par le gouvernement, a estimé que l’accord d’itinérance conclu il y a un an avec Orange pour utiliser son réseau 2G et 3G le temps de développer ses propres infrastructures, ne devrait pas aller au-delà de son échéance en 2018.
“Cet accord d’itinérance crée un pouvoir d’influence très fort sur le marché, au point qu’il doit être encadré et borné dans le temps”, car le cas échéant, il peut “perturber ou déséquilibrer le marché”, a ainsi estimé Bruno Lasserre, président de l’Autorité.
Il en a appelé à l’Arcep afin qu’elle use de son pouvoir “pour vérifier sans attendre que Free est sur une trajectoire d’investissement compatible avec les obligations de sa licence”.