Vivendi peine à tourner la page des télécoms

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ège parisien du groupe (Photo : Eric Piermont)

[15/03/2013 16:15:38] PARIS (AFP) Le conglomérat français Vivendi peine à tourner la page de la téléphonie pour se recentrer sur les médias: après sa filiale hexagonale SFR, il vient d’échouer à céder au prix fort son joyau brésilien GVT.

“C’est un coup dur, car c’est un changement de stratégie imposé”, a tranché un analyste parisien, vendredi, après ce nouveau camouflet infligé au propriétaire de Canal Plus, cette fois par le mastodonte américain de la télévision par satellite DirectTV.

Le marché a sévèrement sanctionné ce nouveau cafouillage qui fait suite aux discussions avortées avec le cablo-opérateur français Numéricable qui, lui, convoitait SFR, valorisée par la maison-mère à plus de 16 milliards d’euros.

A une heure de la clôture, le titre Vivendi perdait 3,5% à 16,07 euros à la Bourse de Paris, dans un marché en baisse de 0,65%.

“On se demande bien ce que Vivendi va pouvoir vendre pour assainir ses finances”, relevait dubitatif un autre analyste.

Le conglomérat procède depuis un an à la revue de ses actifs avec le double objectif de se concentrer sur les médias et réduire une dette de 13,4 milliards d’euros.

Prêt à payer un peu moins de 6 milliards pour s’emparer de GVT, DirectTV a fini par renoncer, face à l’appétence du français qui en attendait “au moins 7 milliards”, a expliqué à l’AFP une autre source, proche de Vivendi.

“On n’a pas pu se mettre d’accord sur le montant minimum pour ce très bel actif que nous ne braderons pas”, mais le projet de vente reste d’actualité, selon cette source.

Le conglomérat veut se donner du temps pour vendre au juste prix, répètent à l’unisson ses dirigeants.

Il y a d’autant moins urgence pour lui à se défaire de GVT que cet acteur très dynamique et innovant dans un marché à forte croissance rapporte de l’argent.

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çois Dubos, le 26 février 2013, au siège du groupe (Photo : Eric Piermont)

Aggiornamento

En outre, sa récente incursion dans la télévision, cohérente avec la stratégie de recentrage sur les médias, pourrait inciter la maison-mère à réfléchir.

Arraché de haute lutte à l’espagnol Telefonica en 2009, l’opérateur brésilien affiche des croissances à deux chiffres au fil des exercices, avec la promesse pour 2013 d’un chiffre d’affaires en hausse de 20% et d’une marge opérationnelle supérieure à 40%.

“Au Brésil, GVT c’est le +Free local+”, résume Stéphane Dubreuil, analyste des Télécoms chez Sia Partners. Rien d’étonnant dans ces conditions à ce que Vivendi hésite à s’en défaire.

Mais depuis l’entrée de Vincent Bolloré dans son capital (5%), le conglomérat cherche prioritairement, pour se désendetter, à détacher de son périmètre deux actifs non stratégiques, dont Maroc Telecom.

Cette pépite, active au Mali, Gabon, Burkina Faso et en Mauritanie, que Vivendi valorise à “au moins 5 milliards” fait l’objet de “trois offres sérieuses” émanant des opérateurs qatari Qtel, émirati Etisalat et sud-coréen KT Corp (KT), selon une autre source proche du dossier.

Cette opération –plus facile que la cession de SFR– “ne fait pas débat”, et n’est plus qu’une question “de jours ou de semaines”, la vente n’étant plus suspendue qu’au feu vert du royaume du Maroc, actionnaire à 30%, selon plusieurs sources.

Reste que l’aggiornamento de Vivendi n’est pas aidé par la conjoncture, dans un secteur fragilisé par la pression des régulateurs mondiaux qui ne cessent de faire baisser les prix et par “une hyperconcurrence de l’internet”, où des acteurs incontournables comme Skype assurent aujourd’hui 30 à 40% des communications internationales, naguère la vache à lait des opérateurs, constate M. Dubreuil.

“Et puis pour vendre, ajoute cet expert, il faut des acheteurs, qui se font rares quand les montants dépassant plusieurs milliards”.

Avec une visibilité aussi réduite, Vivendi choisit donc son tempo tout en protégeant les intérêts des actionnaires. “C’est de la gestion intelligente et la sanction des marchés financiers est excessive”, résume l’analyste.