SocialTV : quand l’interaction avec le 2nd écran modifie les programmes

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élévision, le 15 mars 2013 à Paris (Photo : Lionel Bonaventure)

[16/03/2013 15:42:00] PARIS (AFP) Inexistante il y a deux ans, la socialTV, ou l’interaction entre les spectateurs munis de tablettes ou smartphones et le contenu diffusé à la télévision, est en train de s’imposer dans l’industrie audiovisuelle au point de modifier la conception des programmes.

Avec la généralisation des appareils mobiles et des réseaux sociaux : les téléspectateurs ont adopté des comportements “multitâches” et se sont mis à commenter leurs émissions préférées tout en les regardant, comme si toute la France était sur leur canapé.

Désireuses d’accompagner ces usages naissants et de ne pas trop s’éloigner de cette audience, qui s’était mise à lire ses mails, twitter ou surfer sur internet hors de leur environnement, les chaînes de télé ont vite compris l’intérêt d’investir le champ de la socialTV.

“Ces six ou huit derniers mois, ça a été le basculement. On est passé des gens qui se demandaient +est-ce que c’est nécessaire ?+ à tout TF1 qui avance dans le même sens”, déclare à l’AFP Mathieu Vergne, directeur des jeux, variétés et divertissements de la première chaîne.

Ce phénomène en plein essor, qui offre de nombreuses possibilités en termes de contenus et de publicité, place les chaînes face à une double problématique: comment ramener dans leur giron ce public, souvent jeune et connecté, sans perdre le téléspectateur traditionnel qui pourrait se sentir exclu ?

Participer à un jeux-concours, découvrir des recettes, partager un extrait vidéo ou donner son avis sur un participant : les possibilités offertes aux téléspectateurs munis d’un second écran vont crescendo et sont désormais concentrées au sein des applications des chaînes.

“Ca va d’abord être des petites choses qui vont peu à peu nous amener à comprendre ce qui marche ou pas”, explique Valéry Gerfaud, directeur général de M6 Web.

“Tâtonnement”

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Le logo de Twitter (Photo : Yasuyoshi Chiba)

Ainsi, sur TF1, les tweets ne sont plus lus à l’antenne car le message écrit “perdait de sa puissance à l’oral”. Ailleurs, la fréquence à laquelle les téléspectateurs sont sollicités sur leur “second écran” pose également des questions.

Tous s’accordent à dire qu’il s’agît d’une phase de “tâtonnement” et d'”apprentissage”.

Pas à pas, la participation du public se fait de plus en plus présente, au point d’influencer le contenu ou la conception d’un programme.

Deux exemples récents parmi d’autres. Lorsqu’un personnage de la série “Yolo”, le format de “scripted reality” (fiction du réel, ndlr) actuellement sur W9 (groupe M6), envoie un SMS, les téléspectateurs connectés à l’application de la chaîne peuvent le recevoir sur leur second écran.

La troisième saison de “Clem”, à partir du 1er avril sur TF1, proposera en parallèle “Clem en coloc”, une websérie courte. Sur l’application, un concours permettra à un téléspectateur de rejoindre la seconde saison de cette websérie en devenant le “4e coloc”.

“Cela crée une complicité et donne la sensation de rentrer vraiment en prise directe avec l’émission”, analyse Valéry Gerfaud.

Pour Lionel Abbo, directeur du développement et du digital chez Shine France, la société qui produit “The Voice” pour TF1, un des axes majeurs de développement dans ce domaine est la téléréalité.

“Je dis n’importe quoi mais, par exemple, ça pourrait être les candidats enfermés dans une maison qui seraient utilisés comme des marionnettes par les téléspectateurs, dans Koh-Lanta c’est encore eux qui décideraient l’épreuve suivante ou la chanson interprétée dans The Voice”, lance-t-il.

Toujours un cran plus loin, Amandine Cassi, directrice des études Eurodata TV Worldwide chez Médiamétrie, signale le lancement récent de chaînes, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis et en Finlande, basées sur des contenus issus du second écran ou ayant buzzé sur les réseaux sociaux.

Toute cette synchronisation entre les deux écrans est rendue possible par le watermarking, une technologie qui donne aussi de grands espoirs aux publicitaires. Grâce à ce marquage ou “tatouage” du signal, les téléspectateurs pourront par exemple recevoir une pub pour une voiture, celle conduite au même moment par le héros de leur feuilleton.