A l’instar de beaucoup d’autres Tunisiens, le premier réflexe de Tarek Chérif a été de se poser la question de savoir en quoi il peut être utile à son pays. Le patron du groupe Alliance n’a pas mis longtemps à y répondre. Peu de temps après la chute du régime Ben Ali, il a lancé le chantier de la création de la CONECT (Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie), le deuxième syndicat patronal tunisien, qui a vu le jour en septembre 2011. Mais tout en se dédiant à ce projet, Tarek Chérif a commencé à réfléchir à un moyen de venir en aide aux Tunisiens des régions les plus défavorisées désireux de se mettre à leur propre compte. Deux ans plus tard, le voilà qui crée une société de microfinance.
Baptisée Tayssir, et dotée d’un capital de 3 millions de dinars –qui pourrait passer à 5 millions d’ici la fin de l’année en cours-, celle-ci est destinée à financer des microprojets dans le centre et le nord-ouest de la Tunisie, deux régions parmi les plus pauvres.
Outre Tarek Chérif lui-même –président du conseil de la société-, à travers «Alliance Immobilière», le tour de table regroupe Slaheddine Bensaid (SCET Tunisie), quatre banques de la place (UBCI, Amen Bank –et sa compagnie d’assurance, COMAR-, Banque de Tunisie et Banque tuniso-koweïtienne), ADIE (Association pour le Droit à l’Initiative Economique) Internationale –dont la présidente, Maria Novak, siègera au conseil-, et éventuellement la Banque européenne d’investissement (BEI) avec laquelle le patron du groupe Alliance est en discussion au sujet de son éventuelle entrée.
L’assemblée constitutive de Tayssir aura lieu mardi 19 mars 2013. La conférence de presse, initialement prévue le même jour, a été reportée à une date ultérieure.
Si le patron du groupe Alliance a osé sauter le pas et initier une activité dans la microfinance, c’est notamment parce que le cadre juridique concernant la microfinance est devenu plus favorable à l’initiative dans ce domaine depuis plus d’une année.
En effet, en novembre 2011 a été promulgué le décret-loi n°117 régissant l’organisation de l’activité des Institutions de microfinance (IMF), et qui a notamment créé deux catégories d’institutions de microfinance -des sociétés anonymes avec un capital minimal de 3 millions de dinars et des associations avec un apport propre d’au moins 200.000 dinars-, élargit l’activité des IMF à la microassurance et mis en place une nouvelle autorité de contrôle pour veiller à l’application de ce nouveau cadre juridique et, en particulier, garantir la transparence des associations dans leur relations avec les clients et le respect des procédures d’octroi de crédits.
La présence de l’ADIE dans le tour de table de Tayssir et celle de Maria Novak au conseil d’administration n’est pas fortuite. C’est en effet à la fondatrice de l’Association pour le Droit à l’Initiative Economique –en 1989, après une rencontre avec le professeur Muhammad Yunus, Prix Nobel de la Paix 2006 et initiateur de la Grameen Bank au Bangladesh, en 1976- que Tarek Chérif s’est adressé en premier lorsqu’il a commencé à réfléchir sur la création d’un instrument financier en faveur des micro-entrepreneurs des régions défavorisés. Un partenariat qui permettra de profiter pleinement du savoir-faire et de l’expérience de l’ADIE qui, depuis 1989, a accordé 113.283 microcrédits, permettant de créer 81.396 entreprises et 107.000 emplois.