Espagne : les Russes se ruent sur l’immobilier de luxe sur les côtes

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Une villa dans le village espagnol de Playa de Aro, le 18 mars 2013 (Photo : Josep Lago)

[20/03/2013 12:07:00] PLAYA DE ARO (Espagne) (AFP) Noyées dans la végétation d’une côte sauvage qui surplombe la Méditerranée, les villas de rêve du village espagnol de Playa de Aro sont devenues le refuge d’une clientèle russe en quête de luxe et de calme, accueillie à bras ouverts dans un pays à l’économie exsangue.

Sergueï Maslov, un promoteur immobilier de 53 ans, et son épouse Larissa, 51 ans, venus de Novossibirsk en Sibérie, font partie de ces acheteurs.

Depuis quatre ans, fuyant l’hiver glacial, ils font de longs séjours dans cette région de Catalogne, à une centaine de kilomètres au nord de Barcelone, où ils cherchent à présent une résidence secondaire.

“Là-bas, la température peut descendre à moins 40 degrés en hiver. Ici, il y a du soleil, il fait bon”, témoigne Larissa Maslova, perchée sur ses hauts talons et vêtue d’un élégant manteau blanc, un sac haute couture à la main.

Juan Santiago, un agent immobilier de Playa de Aro habitué à répondre aux goûts de cette clientèle huppée, les accompagne dans la visite d’une villa de 700 mètres carrés, avec une spectaculaire vue sur la mer.

“Actuellement, 90% des ventes à Playa de Aro sont signées par des clients venus de Russie, d’Ukraine ou du Kazakhstan”, explique Juan Santiago, dont l’agence JS Platja d’Aro travaille avec des Russes depuis huit ans.

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ère dans le village espagnol de Playa de Aro, le 18 mars 2013 (Photo : Josep Lago)

“Ils apprécient de pouvoir se promener sans gardes du corps, sans chauffeur. Ici, la sécurité est totale”.

Comme de nombreuses localités de cette côte est de l’Espagne, Playa de Aro, 10.500 habitants, survit en pleine crise grâce à ces nouveaux résidents: ils sont aujourd’hui 575 Russes, trois fois plus qu’en 2004.

Sergueï et Larissa sont à la recherche du coup de coeur. Les 3,5 millions d’euros demandés pour la villa de six chambres, avec un salon immense aux lignes épurées, piscine et sauna, ne semblent pas les effrayer.

Le sauna “est un peu petit”, remarque Larissa. Mais la propriété, à flanc de colline, remplit toutes les conditions: sécurité, tranquillité, vue imprenable sur le littoral creusé de petites criques.

Selon les registres officiels, les Russes ont acheté 2.399 propriétés en Espagne en 2012, particulièrement sur la Méditerranée, soit huit fois plus qu’en 2006, stimulant une activité en plein marasme depuis l’éclatement de la bulle immobilière en 2008.

“Le client russe ne discute pas les prix”, affirme Xavier Salvado, qui travaille chez Salvado&Gubert, une autre agence de la Costa Brava.

Alina Bondarenko, une avocate russe qui réside en Espagne depuis plus de dix ans, explique cet engouement par “l’effet du bouche à oreille” et par “la baisse des prix alliée au pouvoir d’achat croissant des Russes”.

Dans le pays en récession, où le chômage dépasse les 26%, cette clientèle est la bienvenue. Au point que le gouvernement espagnol, pour attirer les étrangers, envisage de donner le permis de résidence à ceux qui achèteront un bien de plus de 160.000 euros.

“S’ils s’installent ici, ils apporteront de l’activité tout au long de l’année”, souligne la conseillère au Tourisme de Playa de Aro, Imma Gelabert.

Dans le village, fleurissent les panneaux et menus écrits en russe tandis que la presse russe est livrée le matin dans les kiosques. Un bar baptisé “Place Rouge” vient d’ouvrir, décoré de photos du Kremlin.

“Dans n’importe quel magasin, on trouve une vendeuse qui parle russe”, remarque Natalia Zmeul, une Ukrainienne de 34 ans qui travaille dans une bijouterie.

“Sans la clientèle russe, la commune serait ruinée”, résume Juan Santiago.

Le récent scandale dans la station balnéaire proche de Lloret de Mar, où l’ex-maire Xavier Crespo est poursuivi en justice pour des liens présumés avec la mafia russe, n’y change rien.

“La mafia et la criminalité ne touchent pas plus les Russes que d’autres nationalités”, veut croire Imma Gelabert.

Rosalina Moreno, une restauratrice de 54 ans, retient seulement que “ces gens sont très aimables”. “Nous n’avons aucun problème avec eux, au contraire. Pourvu qu’ils viennent de plus en plus nombreux!”