Deux mois après l’avoir perdu au profit de Nidaa Tounes, Ennahdha reprend la «pole position». D’après la 15ème vague du baromètre politique mensuel de 3C Etudes, le cabinet de sondages et études marketing dirigé par Hichem Guerfali, le parti islamiste serait vainqueur d’élections législatives qui se tiendraient aujourd’hui, avec 30,9% des voix –en progression de 1,5 point par rapport au mois précédent-, contre 28,7% pour Nidaa Tounes, qui recule de 1,1 point. Malgré cette remontée, Ennahdha –qui a perdu en un an près du tiers de son électorat- est encore loin des 33,1% dont elle était créditée en janvier 2013.
Comme en février 2013, le Front populaire et Al Aridha Achaabia se retrouvent respectivement en troisième et quatrième position. Toutefois, si la formation se réclamant de Hechmi Hamdi progresse de 5,9 à 6,5%, la coalition de la gauche radicale dirigée par Hamma Hammami passe sous la barre des 10% (9,2%), contre 12,2% un mois plus tôt.
Dernière formation parmi les «grands» de l’échiquier politique national, le Parti républicain chute lui aussi de 7,1 à 6,4%. Idem pour les deux autres partis de la Troïka au pouvoir, le Front Démocratique pour les Libertés et le Travail (FDLT, Ettakatol) et le Congrès Pour la République (CPR), qui passent respectivement de 2,3 à 1,5% et de 3,1 à 1,7%. Ce qui incite Hichem Guerfali à se demander si ces deux formations ne seraient pas en voie de disparition.
Sur le terrain de l’élection présidentielle, Béji Caïd Essebsi fait mieux que son parti –dont il se confirme comme l’atout majeur. L’ancien Premier ministre continue à être vainqueur de Moncef Marzouki, lors du premier tour, et, pour la première fois, lors du second. Avec 3,4% des voix (contre 5% en février 2013), l’actuel président –qui n’est plus que troisième- continue à plonger. «Il n’a plus que le 10ème de l’électorat qu’il avait il y a un an», rappelle le patron de 3C Etudes.
En deuxième position, Hamadi Jebali poursuit son ascension. L’ancien chef du gouvernement fait un bond de 6% à 8,7%. En troisième position, Hamma Hammami recule de 4 à 3,1%, démontrant ainsi, selon Hichem Guerfali, «qu’il n’a pas su exploiter la vague de sympathie provoquée par l’assassinat de Chokri Belaïd».
De son côté, le gouvernement fait un peu mois qu’il y a un mois. Le taux de Tunisiens appréciant son action progresse de 2 points à 32%. Toutefois, le nombre des mécontents représente près du double (59 contre 32%) de celui des satisfaits. L’opposition ne progresse que très peu –son taux de satisfaction reculant de 1% à 33%. A la différence des médias qui continuent de remporter l’adhésion d’une majorité de Tunisiens, avec un taux de satisfaction en progression de 3 points à 64%.
Seize mois après les premières élections transparentes de l’histoire du pays, le nombre d’indécis par rapport aux prochaines échéances électorales reste très élevé. De 38,5% pour les législatives, il se situe à 43% pour la présidentielle. Une situation dont profite Ennahdha, fait remarquer Hichem Guerfali. Puisque malgré la perte de 30% de son électorat, le parti islamiste continue à enregistrer un score élevé.