à Nicosie, le 21 mars 2013 (Photo : Patrick Baz) |
[21/03/2013 16:08:42] NICOSIE (AFP) “Des rumeurs disent que la banque ne va plus jamais rouvrir. Je veux retirer autant de liquide que possible”: Phaedon Vassiliades fait la queue devant un distributeur automatique à Nicosie, inquiet comme beaucoup de Chypriotes d’un effondrement du système bancaire.
Sur l’île au bord de la faillite, les banques sont fermées et tous les virements sur internet impossibles depuis près d’une semaine, et ce au moins jusqu’à mardi.
Les habitants défilent depuis samedi devant les distributeurs automatiques, mais les files d’attentes se sont particulièrement allongées jeudi devant ceux de la Popular Bank (Laiki en grec), les clients craignant une fermeture définitive de la deuxième banque de Chypre.
“J’ai près de 60.000 euros d’économies dans cette banque (…) Je ne sais pas si je vais jamais pouvoir les récupérer”, précise M. Vassiliades, fonctionnaire à la retraite en fauteuil roulant rencontré par l’AFP sur la rue Ledra, une des artères les plus commerçantes de Nicosie.
Derrière lui, des hommes et des femmes attendent nerveusement pour retirer eux aussi le plus d’argent possible, pendant que les touristes les prennent en photo. Des queues similaires se sont formées devant nombres d’autres distributeurs de cette banque dans toute la capitale chypriote.
établissement de Bank of Cyprus, à Nicosie, le 21 mars 2013 (Photo : Louisa Gouliamaki) |
Beaucoup de clients redoutent une éventuelle fusion, évoquée mercredi dans les médias locaux, entre la Popular Bank et la Bank of Cyprus, la plus importante du pays, elle aussi menacée d’effondrement.
“Cela fait des années que ces banquiers nous ont abandonnés. Il y a quelques années, j’ai investi dans des obligations de la banque, et elles aussi n’ont plus de valeur”, dénonce Takis Photiades, un instituteur à la retraite, qui retire de l’argent.
“Nous sommes maudits. C’en est fini de nos beaux jours”, estime Neophytos Constantinides, employé dans une compagnie d’assurances.
“la débâcle de Chypre”
“La Laiki Bank sera la première à couler parce qu’elle a beaucoup d’argent russe et que l’UE veut frapper la Russie. Nous sommes pris en tenailles entre les deux”, dénonce un autre épargnant, sous couvert d’anonymat.
“L’Union européenne nous a laissés tomber. Il est temps de faire revenir la Russie pour donner une leçon à l’UE”, lance alors un homme énervé qui refuse ensuite de parler à l’AFP.
Le ministre chypriote des Finances, Michalis Sarris, est parti mardi en Russie chercher une solution de rechange au plan de sauvetage européen de 10 milliards d’euros conclu le 16 mars mais rejeté par le Parlement chypriote parce qu’il s’accompagnait d’une taxe inédite sur tous les dépôts bancaires.
Mais les clients de la Popular Bank n’ont plus du tout confiance dans les efforts du gouvernement.
à Moscou (Photo : Alexander Nemenov) |
“Chypre est en train de couler. Ils (l’UE et la communauté internationale) sont prêts à laisser Chypre couler”, estime Gautam Kapoor, un Britannique travaillant pour une entreprise de métaux grecque.
“Les marchés ont déjà pris en compte la débâcle de Chypre. Personne ne va plus jamais faire confiance à Chypre. Je veux juste retirer autant d’argent que possible puisque même les stations-essences et les magasins n’acceptent plus que de l’argent liquide”, affirme-t-il, pragmatique.
Photoulla Zantis, la gérante d’une station service voisine, confirme n’accepter que les espèces. “Je n’ai pas le choix. Je dois payer mon fournisseur de carburant en liquide, donc je n’accepte que du liquide”, explique-t-elle à l’AFP.
“Tout se fait en liquide maintenant. Dans la situation actuelle, seul un parieur accepterait des chèques”, estime M. Vassiliades.