Des tablettes tactiles en maternelle, pour apprendre sans en avoir l’air

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école maternelle à Haguenau (Bas-Rhin), le 18 mars 2013 (Photo : Frédérick Florin)

[21/03/2013 16:03:51] HAGUENAU (Bas-Rhin) (AFP) De retour de la cantine, c’est l’excitation pour les “grands” de la maternelle Marxenhouse à Haguenau (Bas-Rhin), qui viennent d’apercevoir des tablettes tactiles dans la classe. “C’est leur séance hebdomadaire, ils adorent”, sourit leur institutrice.

Depuis quelques semaines, une quarantaine d’élèves de grande section expérimentent l’introduction de six ardoises d’un nouveau genre, financées par la municipalité de cette ville de quelque 35.000 habitants, en pointe sur les nouvelles technologies à l’école.

Ce jour-là, c’est le tour de Solyne, Sophie, Corentin, Anaïs, Nolan et Antoine de prendre place autour de la petite table où ont été déposées les tablettes, protégées par leur étui bleu turquoise.

“Bloquez les majuscules en tapotant deux fois sur la flèche”, leur demande leur institutrice, Sandra Ledogar, qui dirige cet établissement de 140 élèves. “Et n’oubliez pas, on ne met pas les doigts dans la bouche avant de les poser sur l’écran”!

L’exercice du jour: piocher des vignettes représentant des animaux, puis recopier les noms, écrits sous chaque image, dans des cases sur l’écran. En choisissant la bonne colonne: celle des vivipares ou celle des ovipares.

“Ils ne savent pas encore lire, mais le programme prévoit qu’ils doivent reconnaître les lettres”, explique Sandra Ledogar. “Comme tout ce qu’on fait avec les tablettes, ce sont des exercices qu’on pourrait faire sur papier et qui correspondent au programme”, poursuit-elle.

Un des objectifs est de permettre à ces enfants de se familiariser avec ces outils high-tech de plus en plus présents dans les foyers, mais de manière inégale. Dans cette classe, seulement quatre élèves côtoient des tablettes numériques à leur domicile.

Mais l’intérêt est surtout pédagogique: “la tablette leur fait oublier le côté travail, leur motivation est plus grande”, s’enthousiasme Mme Ledogar, qui fait en sorte que chaque enfant ait une séance de 20-30 minutes par semaine.

Concentrés, les élèves de sa classe bilingue franco-allemande font glisser leurs petits doigts sur les écrans. Anaïs, 5 ans, écrit lentement “Schmetterling” (papillon en allemand). “C’est difficile, mais c’est rigolo, parce qu’il y a des jeux”, lance-t-elle.

Quand les exercices sont terminés, les élèves sont autorisés à ouvrir des applications plus ludiques, mais toujours à visée éducative. “Pour l’instant, je tâtonne encore”, explique l’institutrice, “je cherche moi-même les applications”.

Pour Arlette Laugel, inspectrice de l’Education nationale de la circonscription, “l’expérimentation ne fait que commencer et il y a encore toute une réflexion à mener sur la façon de mettre les tablettes au service des apprentissages”.

Mais l’outil a déjà fait preuve de son intérêt, observe-t-elle, surtout “dans la phase d’application, parce que les enfants ne se lassent pas de refaire un exercice d’écriture ou de comptage”.

“En maternelle, on raconte beaucoup d’histoires, mais on ne sait pas toujours si les enfants comprennent”, poursuit-elle. Les tablettes permettent de revenir sur une histoire ou de préparer un récit, avec des images, du son, “elles favorisent l’imprégnation”.

Les parents de l’école Marxenhouse accueillent favorablement l’initiative, selon Mme Ledogar. “Mais il faudra qu’on discute bien avec eux, parce qu’il y a toujours ce risque de se servir des tablettes comme d’un mode de garde à la maison, en se disant qu’en plus, c’est validé par l’école”.

Pour l’inspectrice Arlette Laugel, les tablettes numériques “sont un bon outil mais pas une panacée: la priorité en maternelle doit rester avant tout une pédagogie du vécu”.