S’il a certes ressassé son engagement pour deux Etats : un Etat palestinien et un Etat israélien, le président Barak Obama n’a pas moins appelé les pays arabes à «prendre des mesures en faveur de la normalisation de leurs relations» avec l’Etat juif. Comme, il a demandé aux Palestiniens d’accepter le «caractère juif de l’Etat d’Israël». Même s’il a conditionné cela à la reconnaissance par Israël de l’existence d’un Etat palestinien.
Il n’y a qu’à s’intéresser à la couverture faite par la presse israélienne et la presse palestinienne de la visite qu’effectue le président américain Barak Obama (20-22 mars 2013) en Israël et en Palestine pour se rendre compte de l’enjeu de cette visite pour les deux parties en présence dans un conflit qui dure depuis près de soixante-dix ans.
En effet, alors que la presse israélienne a exagéré bien avant la visite sa couverture de l’événement en rapportant à longueur de pages sa portée et les faits et gestes du 44e président des Etats-Unis d’Amérique, la presse palestinienne s’en est tenue au strict minimum. L’agence officielle palestinienne, Wafa, a annoncé la visite, le 20 mars 2013, par un court «bulletin» de…deux lignes et demie.
Comme s’ils s’attendaient aux avancées de cette visite pour les uns et pour les autres. Et le président Barak Obama n’a pas trahi l’engouement des médias israéliens pour la visite. Il a assuré l’Etat hébreu, dès son arrivée, mercredi 20 mars 2013, sur le tarmac de l’aéroport David Ben Gourion, à Tel-Aviv, de l’«alliance éternelle» de l’Amérique.
A Ramallah, où il a été reçu, le 21 mars, dans une visite de quelques heures, avant de s’envoler pour Israël, où il été l’hôte à dîner du président Shimon Peres, par le président de l’autorité palestinienne Mahmoud Abbas, le président Obama n’a pas apporté des propos aussi catégoriques à l’endroit des Palestiniens des Territoires occupés par l’Etat hébreu.
Il a seulement déploré…
Certes, il a ressassé son engagement pour un Etat palestinien vivant en paix à côté de celui d’Israël, mais il a été beaucoup plus tendre concernant les nouvelles colonies israéliennes dans les Territoires palestiniens. Le président américain a ainsi seulement déploré la construction de nouveaux logements dans les colonies juives qui n’ont «pas fait progresser la cause de la paix»; il avait réclamé le gel de toute expansion, lors de ses entretiens, en mai 2009, à Washington, avec le même Premier ministre israélien Netanyahou. Un gel que les Palestiniens considèrent comme un préalable à la poursuite des pourparlers de paix avec Israël.
Mais il a également appelé, devant un parterre d’étudiants de l’université hébraïque de Jérusalem (dans la partie ouest de la ville), les pays arabes à «prendre des mesures en faveur de la normalisation de leurs relations» avec l’Etat juif. Comme, il a demandé aux Palestiniens d’accepter le «caractère juif de l’Etat d’Israël». Même s’il a conditionné cela à la reconnaissance par Israël de l’existence d’un Etat palestinien.
Une reconnaissance qui sous-entend, peut-être, que les Arabes israéliens, qui constituent près de 20% de la population de l’Etat hébreu, musulmans et chrétiens, et autres druzes et Samaritains, doivent se plier au diktat de la population juive. Â
Il n’a, par ailleurs, pas pipé mot concernant les détenus palestiniens dans les prisons israéliennes. Ces détenus (près de 10.000 personnes) ont récemment défrayé la chronique: le 24 février 2013, près de 3.000 détenus palestiniens en Israël ont observé une journée de grève de la faim pour protester contre la mort en détention la veille d’un jeune Palestinien. Cette mort avait déclenché, fin février, des affrontements entre des jeunes palestiniens et des soldats israéliens à Al-Kahlil (ville du Sud-ouest de la Cisjordanie).
Ali Khamenei se fait inviter dans les débats
De maigres résultats aux yeux de nombreux mouvements palestiniens qui n’ont pas manqué de le dire bien avant que l’hélicoptère d’Obama ne se pose, le 21 mars 2013, à Ramallah. Des combattants palestiniens de Gaza ont même lancé, le jour même, des roquettes sur le Sud d’Israël. Et des manifestants palestiniens avaient brandi, à Ramallah, des banderoles sur lesquelles on pouvait lire: «Obama, tu n’es pas bienvenu ici»et «Obama quitte Ramallah».
Une autre partie s’est fait invitée au cours de la visite du président américain: l’ayatollah Ali Khamenei, le Guide suprême iranien, qui a menacé, le 21 mars 2013, dans un discours retransmis en direct à la radio et à la télévision, de détruire les villes israéliennes de Tel-Aviv et de Haïfa en cas d’attaque de l’Etat hébreu.
Une déclaration qui montre bien que le conflit israélo-palestinien dépasse ce cadre bien étroit. En effet, jamais de son histoire l’Etat hébreu n’a autant été confronté à des défis sécuritaires. Outre les questions palestinienne et iranienne qui peuvent déstabiliser le pays -des chroniqueurs israéliens ont affirmé qu’une troisième Intifada se prépare-, Israël est bousculée par une géopolitique alarmante pour elle: une grande insécurité sur ses frontière sud (Egypte) et nord (Syrie); deux pays où le pire peut, pour elle, à tout moment arriver.
Les troupes anti-Bachar Al-Assad ont progressé, en ce mois de mars 2013, dans la partie syrienne du plateau du Golan où elles ont capturé des observateurs philippins qui font partie de cette Force de l’observation du désengagement sur le Golan (FNUOD), chargée de faire respecter un cessez-le-feu entre Israël et la Syrie.