Tunisie : Plaidoyer pour la protection légale des témoins auditionnés par la commission

Par : TAP

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Le président de la Commission nationale d’investigation sur les dépassements et les abus pendant la révolution, Taoufik Bouderbala, a appelé, vendredi 22 mars, à la nécessité de promulguer une loi pour la protection des témoins auditionnés par cette commission. C’était lors d’une rencontre, à Tunis, sur le thème «l’action des commissions d’investigation pour l’établissement des faits».

Bouderbala a passé en revue, à cette occasion, les difficultés rencontrées par ces commissions et les doutes qu’elles suscitent concernant leur mission que certains considèrent du ressort de la justice.

Taoufik Bouderbala a précisé que la commission qu’il préside a, déjà, dressé les listes des martyrs et victimes après avoir contacté leurs familles. «Le rapport de notre commission qui a été élaboré, loin de tout tiraillement politique, comporte des informations claires et précises sur une phase charnière de l’histoire de la Tunisie», a-t-il indiqué, relevant que ce rapport reste ouvert à de nouvelles données susceptibles d’être fournies.

Pour sa part, le ministre des Droits de l’Homme et de la Justice transitionnelle, Samir Dilou, a affirmé que plusieurs commissions, créées juste après la Révolution, ont essuyé de nombreuses critiques et ont été parfois remises en cause, relevant les conditions exceptionnelles qui ont entouré le travail de ces commissions. «La vérité est relative et non absolue. Elle est sujette à la manipulation et à la déformation», a ajouté Samir Dilou. «Il faut beaucoup d’efforts d’investigation pour établir la vérité, pouvoir tourner la page du passé et édifier une démocratie réelle, capable d’empêcher le retour de la dictature», a-t-il dit.

Dilou a déclaré qu’à la faveur de la révolution, les limites de la liberté ont été repoussées à un rythme qui dépasse notre capacité à en assumer les conséquences, relevant, dans ce se sens, que la liberté de la presse a entraîné des abus et engendré la prolifération de titres de la presse jaune.

Le représentant de la Commission d’investigation sur la corruption et la malversation, Mohamed Ayadi, a passé en revue les difficultés rencontrées par cette commission, notamment, le nombre important de dossiers à étudier et l’absence de critères d’identification de cas de corruption. Plusieurs dossiers ont été soumis à la justice, a-t-il signalé. Cette conférence est organisée dans le cadre de la célébration de la Journée internationale pour le droit à la vérité qui a démarré le 19 mars et se poursuivra jusqu’au 24 mars courant.

WMC/TAP