Toulouse : les éleveurs d’ovins dénoncent la concurrence de l’agneau néo-zélandais

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éo-zélandais (Photo : Pascal Pavani)

[23/03/2013 16:58:45] TOULOUSE (AFP) Une barquette de gigot d’agneau néo-zélandais à la main, casquette verte vissée sur le crâne, Christian Galzin, éleveur dans le Tarn, s’insurge dans les allées d’un hypermarché de la périphérie de Toulouse: “Cet agneau a pu être abattu il y a un mois et, pourtant, il est vendu pour de la viande fraîche”.

Avec une vingtaine de collègues éleveurs ovins de la région Midi-Pyrénées, il a investi ce matin le rayon boucherie de la grande surface pour sensibiliser les consommateurs à son combat: la grande distribution met les éleveurs français en position de concurrence déloyale avec les éleveurs néo-zélandais.

“Le constat, c’est que chaque fois qu’on est dans une période de forte consommation comme à Pâques, on se retrouve dans une situation de concurrence déloyale”, résume son confrère Robert Glandières, éleveur en Aveyron et membre du conseil d’administration de la Fédération nationale ovine (FNO).

“La grande distribution met en vente de la viande de Nouvelle-Zélande sur laquelle elle ne prend pas de marge”, accuse ce dernier.

De fait, il faut très peu de temps aux éleveurs pour trouver l’objet de la discorde dans les allées de l’hypermarché: en tête de gondole, du gigot d’agneau en provenance de Nouvelle-Zélande est vendu à un prix trois fois inférieur au gigot français, à quelques rayonnages de là.

“Ce que nous réclamons, c’est la fin de cette concurrence déloyale: il faut que les marges soient harmonisées, que la viande soit payée à un prix décent et que les producteurs néo-zélandais soient normalement rémunérés, car ils souffrent énormément eux aussi”, déclare M. Glandières.

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é de Toulouse, le 23 mars 2013 (Photo : Pascal Pavani)

“Cet agneau de Nouvelle-Zélande arrive en France à environ 5 euros le kilo et ils (la grande distribution) le revendent un ou deux euros plus cher. Nous, on nous l’achète à 5,5 euros. Puis, une fois abattu, la grande surface l’achète à environ 7,5 euros et le revend en moyenne à 15 euros le kilo. La différence de marge est énorme”, déplore Thierry Merican, éleveur dans le Lot.

Les éleveurs d’ovins, qui ne satisfont que 40% environ de la demande française, selon M. Glandières, réclament aussi des informations complémentaires sur l’étiquetage des produits importés, notamment la mention de la date de naissance et d’abattage de l’animal.

Ainsi, selon M. Galzin, l’agneau néo-zélandais, convoyé en France par bateau, a pu être conservé grâce à la technique de l’atmosphère contrôlée, où l’air est remplacé par un gaz (du gaz carbonique par exemple), et la viande maintenue au froid.

“Sur cette barquette, on peut lire l’origine mais la date d’abattage n’y figure pas”, dénonce M. Galzin.

Plusieurs actions similaires ont été organisées à Lyon, Marseille ou encore dans la Drôme samedi pour sensibiliser les consommateurs à l’approche des fêtes de Pâques.

A Toulouse, outre des distributions de tracts, les éleveurs ont collé de nouvelles étiquettes sur les produits incriminés pour interpeller le consommateur: “Combien de kilomètres aura parcouru cet agneau avant d’arriver dans votre assiette?”.