Le président de Chypre à Bruxelles pour une réunion de la dernière chance

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à la nation le 17 mars 2013 à Nicosie (Photo : Christos Avraamides)

[24/03/2013 12:26:34] BRUXELLES (AFP) Le président chypriote devait participer dimanche à une réunion de la dernière chance avec les bailleurs de fonds européens, sous la menace d’une faillite du pays et d’une sortie de l’euro.

Après une journée de négociations-marathon à Nicosie avec des représentants de la troïka -Union européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international (FMI)-, Nicos Anastasiades va devoir convaincre Bruxelles du sérieux du plan proposé pour réunir les 7 milliards d’euros exigés par la zone euro en échange d’un prêt international de 10 milliards.

Dès son arrivée à Bruxelles, le président devait avoir une réunion “de haut niveau” vers 14H00 (13H00 GMT) avec les présidents du Conseil européen Herman Van Rompuy, de la Commission européenne José Manuel Barroso, de la BCE Mario Draghi et de l’Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem, ainsi que la directrice du FMI Christine Lagarde, a-t-on appris de sources européennes.

Cette rencontre aura lieu quelques heures avant la réunion des ministres des Finances de la zone euro qui doit tenter de boucler le plan de sauvetage pour Chypre. Mme Lagarde et M. Draghi participeront à cet Eurogroupe qui doit débuter à 18H00 (17H00 GMT).

“Le président et sa délégation doivent accomplir une tâche difficile pour le sauvetage de l’économie et pour éviter un défaut qui menace l’économie, en l’absence d’accord final sur le prêt” international, a indiqué dans un communiqué le porte-parole du gouvernement, Christos Stylianides.

“Les négociations sont à un stade très délicat. La situation est très difficile et le temps est limité”, avait-il expliqué dans la nuit de samedi à dimanche à l’issue d’une réunion avec les responsables des partis politiques.

Selon un haut responsable du gouvernement chypriote, les tractations entre Nicosie et ses bailleurs de fonds prennent l’allure d’un bras de fer. Cité par l’agence CNA, sous couvert d’anonymat, il a critiqué samedi soir l’attitude “rigide” du FMI lors des négociations, en affirmant qu’il formulait “chaque demi-heure une nouvelle exigence”.

Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a une nouvelle fois averti Nicosie que son maintien dans la zone euro dépendait du projet de plan de sauvetage, dans un entretien au journal Welt am Sonntag.

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ésident du Conseil européen, Herman Van Rompuy, le 20 mars 2013 à Bruxelles (Photo : Georges Gobet)

“Ce n’est que quand la troïka aura estimé qu’il existe un projet qui apporte une solution aux problèmes de Chypre et qui soit conforme aux règles, que l’Eurogroupe pourra se pencher sur cette question”, a-t-il dit. Il a estimé que le programme devait “s’attaquer aux problèmes à la racine” et se défaire d’un “modèle économique qui ne fonctionne plus”.

Chypre est aussi sous la menace de la Banque centrale européenne (BCE) qui a assuré qu’elle couperait les vivres aux banques faute d’accord d’ici lundi.

Samedi soir, le commissaire européen chargé des Affaires économiques, Olli Rehn, avait lui aussi promis du sang et des larmes aux Chypriotes. Jugeant “essentiel” qu’un accord soit conclu ce dimanche, il avait reconnu qu’il ne restait plus que “des choix difficiles”.

Chypre et la troïka ont enregistré samedi soir des progrès vers un accord, consistant principalement en un accord sur une taxe sur les gros comptes, selon les médias locaux.

Plusieurs télévisions chypriotes ont annoncé que les deux parties s’étaient accordées sur une décote de 20% des comptes au-delà de 100.000 euros à la Bank of Cyprus et une taxe exceptionnelle de 4% sur les comptes dépassant ce montant dans toutes les banques du pays.

Une taxe exceptionnelle sur tous les dépôts bancaires envisagée dans un premier temps avait mis le feu aux poudres et le Parlement avait rejeté mardi une proposition dans ce sens, lançant les dirigeants dans une course contre la montre pour trouver des alternatives.

Sur l’île, où les banques sont fermées depuis une semaine, la colère et la crainte des épargnants de voir leurs économies ou leurs fonds de pension partir en fumée montaient. De plus jeudi, la BCE a exigé, pour maintenir la fourniture de liquidités d’urgence aux banques chypriotes, qu’un accord soit trouvé d’ici lundi.

“Si vous ne garantissez pas nos fonds de pension, nous nous mettrons en grève à partir de mardi”, date prévue de la réouverture des banques, a lancé Loizos Hadgicostis, président de l’Union chypriote des employés de banques (Etyk) lors d’une manifestation qui a réuni samedi plusieurs centaines d’employés de banques devant le Parlement et le palais présidentiel.

Dimanche matin, les murs du QG du parti du président étaient recouverts de tags comme “kleftes” (voleurs en grec) et “dehors”.

Selon plusieurs sources proches des négociations à Bruxelles, le plan négocié comprend la restructuration de la Bank of Cyprus et de la Popular Bank (Laiki), qui “doivent disparaître” pour laisser la place à une nouvelle banque créée avec leurs actifs sains.

La mesure devait être complétée par une décote sur les actifs sains tirés des deux banques.

La loi de restructuration votée vendredi prévoit déjà le gel de tous les dépôts de la Laiki au-delà de 100.000 euros. Selon les médias locaux, la décote attendue sur les gros comptes de la Bank of Cyprus pourrait être compensée en bonds du Trésor, ce qui éviterait un vote au Parlement.