ûle devant une usine du groupe chimique Kem One le 25 mars 2013 à Lavera, dans le sud de la France (Photo : Boris Horvat) |
[25/03/2013 20:14:34] LYON (AFP) Huit mois après sa création, le groupe chimique Kem One a annoncé lundi aux représentants du personnel qu’il présenterait au tribunal de commerce une demande de cessation de paiement, ouvrant la voie à une procédure de redressement judiciaire mettant en cause l’avenir de quelque 1.300 salariés.
Le groupe, spécialisé dans le PVC, va déposer mardi matin sa demande devant le tribunal de commerce de Lyon, et une audience aura lieu très prochainement, ont indiqué les syndicats et la direction à l’issue d’un comité central d’entreprise extraordinaire à Lyon qui s’est tenu sans la présence du PDG, Gary Klesch.
La direction a indiqué qu’elle n’entendait faire aucun commentaire avant le jugement du tribunal.
Des assemblées générales du personnel sont prévues dès mardi sur les sites du groupe à Saint-Fons (Rhône) et à Lavera (Bouches-du-Rhône), ont indiqué les syndicats CGT et FO. A Lavera, des salariés, réunis dès la matinée de lundi dans l’attente de l’issue du CCE, ont brûlé des palettes et des pneus devant l’entrée principale du site.
Né de la cession en 2012 des activités vinyliques du chimiste Arkema au financier américain Gary Klesch, Kem One affichait depuis plusieurs mois déjà des comptes fortement dégradées et les syndicats comme les pouvoirs publics s’en étaient inquiétés.
Les coûts élevés de l’énergie et de l’éthylène, qui sert à la fabrication du PVC, auraient notamment fortement pesé sur la trésorerie, malgré les 100 millions laissés en caisse par Arkema lors de la cession (en plus de l’effacement de 470 millions de dettes).
Désastre programmé
Mais les syndicats mettent également en cause la gestion du groupe par Gary Klesch et évoquent un “désastre programmé”. Ils se sont toujours opposés à la cession par Arkema de ses activités à Gary Klesch, un homme d’affaires qu’ils considèrent comme un “financier aux comptes opaques”.
De son côté, Gary Klesh estime avoir été victime d’une “fausse information” de la part d’Arkéma sur les activités cédées et qui étaient déjà déficitaires. Il avait annoncé début mars qu’il poursuivait Arkema devant la justice et exigeait 310 millions d’euros de dommages et intérêts.
Dans l’immédiat, selon Franck Zarbo, coordinateur FO chez Kem One, “la période d’observation accordée par le tribunal de commerce va être cruciale. On perd entre 10 et 15 millions d’euros par mois, donc on va aller rapidement vers un redressement judiciaire”.
Mais les syndicats du groupe entendent également poser le débat du périmètre de la cessation de paiement qu’ils souhaitent voir étendue aux filiales du groupe.
Selon le délégué CGT Didier Chaix, elle ne concernerait en effet actuellement que les activités “amont” et les 1.300 salariés des cinq usines françaises du groupe, à Fos-sur-Mer, Lavéra, Saint-Auban (Alpes de Haute-Provence), Saint-Fons (Rhône) et Balan (Ain), mais pas les activités “aval” et plus rentables de transformation du PVC.
“Sans les filiales, on est mal. Il faut donc demander au tribunal d’étendre le périmètre de la cessation aux filiales”, a indiqué pour sa part Franck Zarbo.
Les syndicats entendent également mettre le groupe Arkema devant ses responsabilités, le pressant de ramener les sites français de Kem One dans son giron.”On va se battre pour qu’Arkema assume ses responsabilités et récupère son pôle vinyle”, commentait lundi soir Didier Chaix.
Kem One, dont le siège est à Lyon, emploie 2.600 personnes dans 10 pays, dont 1.800 en France. Il a réalisé en 2011 un chiffre d’affaires de 1,1 milliard d’euros, selon son site.