De la mode, du design, de l’esthétique et de la beauté dans un pays où le mauvais goût, le manque de savoir vivre, l’incivilité et la décadence progressive d’un art de vivre 3 fois millénaire commencent à marquer le pas. A croire que la Tunisie que nous découvrons aujourd’hui n’est pas celle où nous avons grandi et de laquelle nous avons hérité et avant nous nos parents et grands-parents.
Le Festival de la mode, qui se tient les 4 et 5 avril, vient donc à point pour rappeler aux Tunisiens et Tunisiennes que parmi les objectifs de la révolution tant décriés par les revanchards de dernière heure ne figure pas celui du gommage de la modernité, du raffinement et de la qualité de vie pendant longtemps enviés aux Tunisiens. L’initiative a été prise par Samir Ben Abdallah, président de la Chambre syndicale nationale des fabricants de lingerie et en collaboration avec la Fenatex (Fédération nationale du textile).
Le Festival de la mode permettra de mettre aux devants de la scène, aussi bien nationale qu’internationale, les créateurs de mode tunisiens, découvrir les créations et œuvres des entreprises de confection tunisienne et rappeler à ceux qui l’ont oublié que les plus grandes marques du secteur sont d’ailleurs fabriquées aujourd’hui en Tunisie: Sonia Rykiel, Lacoste, Morgan, D&G, La Perla, Aubade, etc.
Le Festival comprendra des tables rondes qui tourneront autour de thématiques sur l’innovation, la créativité et la communication, la pérennisation de toutes les activités en relation avec le secteur des textiles et la promotion de nouveaux talents afin d’assurer à la profession le renouveau et leur offrir l’opportunité d’intégrer le métier.
Le Festival sera également une occasion pour valoriser le patrimoine tunisien face au secteur de la mode à l’international et principalement méditerranéen après une période décadente du secteur textile qui vit actuellement ses plus mauvaises années.
Deux trophées seront décernés aux deux meilleurs créateurs à la fin du festival, soit l’“Aiguille d’or“ et l’“Aiguille d’argent“. La télévision nationale sera de la partie puisque les défilés de mode organisés en marge du Festival y seront retransmis en direct.
La Tunisie, aujourd’hui théâtre de nombre d’évènements qui ne sont pas des plus heureux allant des violences politiques aux attentats en passant par les viols devenus notoires, a plus que jamais besoin de manifestations constructives et positivistes.
Le pays est devenu méconnaissable tant pour ce qui est de son environnement naturel qu’humain. Un laisser aller révoltant de la part des communes, une administration absente et un climat sécuritaire incertain.
«Avant la révolution, on interdisait l’accès aux hôtels et dans les grandes manifestations nationales et internationales aux personnes non “présentables“. Aujourd’hui, ce sont des personnes peu recommandables qui circulent en toute liberté en terrain conquis et sans aucun respect pour les lieux ou les personnalités présentes. La Tunisie, n’est plus ce qu’elle était, elle est de plus en plus bédouinisée», témoigne un agent de sécurité dans un grand hôtel de la place. Ce qui renvoie à un autre témoignage, cette fois-ci celui d’un diplomate qui était en place en Tunisie: «Avant, en Tunisie, tout était ordre, trop ordonné, aujourd’hui tout n’est que désordre et confusion»…
C’est le tribut de toutes les révolutions, nous répète-t-on à longueur de journées, de mois et d’années. Quand passerons-nous de la phase postrévolutionnaire à celle d’un Etat civil, civilisé et démocratique?