Les pétrodollars qataris continuent à pleuvoir sur la Tunisie. Qatar vient en effet d’allouer à la Tunisie, via son Qatar Friendship Fund (QFF), une enveloppe de 100 millions de dollars, destinée au financement de projets en faveur des jeunes chômeurs et des régions défavorisées. Pour ce faire, QFF a chargé AMC Ernst & Young, dirigé par Noureddine Hajji, de sélectionner les associations appelées à gérer ses financements.
La Tunisie est le deuxième pays au monde, après le Japon, à bénéficier des financements du QFF. En effet, ce fonds a été créé pour pérenniser l’initiative prise par l’Emir du Qatar de faire un don de 100 millions de dollars au Japon pour venir au secours des victimes du tremblement de terre et du Tsunami du 11 mars 2011.
D’autres organismes qataris s’activent sur le terrain de l’aide à la Tunisie post-14 janvier 2011. Le premier d’entre eux est Silatech, l’association présidée par Sheikha Moza Bint Nasser Al Missned, l’épouse de l’Emir du Qatar. Cette organisation a mis sur pied un fonds d’investissement (TunInvest Croissance FCPR Fund) de 35 millions de dinars -géré par Tuninvest, visant à financer et à appuyer des petites et moyennes entreprises en vue de créer 2.500 emplois sur 12 ans- à lancer MobiWorks (un portail pour permettre à 3.000 jeunes d’accéder à des opportunités et à des ressources) et à mettre sur pied Emergency Support (un programme un revenu d’urgence et un emploi à court terme à 3000 jeunes des régions défavorisées).
Qatar Foundation et Qatar Charity –qui y a récemment ouvert un bureau- sont également engagés en Tunisie, vont également centrer leurs actions sur les régions défavorisées. La première va réaliser notamment des centres médicaux collectifs, des habitats collectifs «low-cost», des routes rurales et venir en aide à des coopératives agricoles.
A l’instar de Qatar Foundation, Qatar Charity va centrer son action et ses moyens sur les régions défavorisées de Tunisie où elle va notamment financer le forage de puits et la construction de routes rurales.
Depuis le 14 janvier 2011, Qatar multiplie les gestes en faveur de la Tunisie, visiblement dans le but d’y conquérir les cœurs et les esprits et d’y exercer de l’influence. En un peu plus de deux ans, le petit émirat du Golfe a tour-à-tour annoncé son intention de recruter 20.000 travailleurs tunisiens, prêté à la Tunisie 97 millions de dollars, placé 500 millions de dollars en bons de trésor tunisiens, et fait des dons, dont 30 millions de dollars pour la construction de 960 logements, et 20 millions de dollars pour indemniser les familles des martyrs de la révolution, etc.).
Cet empressement à voler au secours de la nouvelle Tunisie, pour l’aider à régler ses multiples problèmes économiques et sociaux, notamment dans ses régions les plus démunies, n’est pas fortuit. Il répond –et récompense?- à la propension du principal parti de la Troïka, Ennahdha en l’occurrence, à donner une plus grande place au monde arabe et musulman dans les relations étrangères de la Tunisie. Un choix que défend en particulier le président du parti islamiste, Rached Ghannouchi, qui, depuis le 14 janvier 2011, a visité le Qatar une bonne demi-douzaine de fois.