Une semaine à peine après sa nomination à la tête du département touristique, Jamel Gamra a montré non seulement qu’il connaît bien ce domaine mais également qu’il a «sa petite idée» pour le faire évoluer. C’est du moins l’impression qu’il a donnée lors d’une longue interview accordée, lundi, à la radio privée Express Fm./p>
Pourtant, cet ancien ingénieur de la marine marchande ne se fait pas d’illusion. Il sait qu’il est nommé pour une courte période -9 mois tout au plus- et qu’il est investi comme il aime à le dire d’une «mission éclair» pour gérer un secteur qui a besoin de résultats tangibles et «une réforme rapide de redressement».
La stratégie qu’il a arrêtée, à cette fin, se concentre sur le court terme et sur les résultats immédiats. Selon lui, sa première priorité consistera à réunir les conditions de succès de la prochaine saison touristique. «L’objectif est d’accueillir, au cours de cette année (2013), 7 millions de touristes contre 6 millions en 2012», a-t-il-dit.
Comment y parvenir
Pour atteindre ce chiffre, Jamel Gmara se propose d’agir sur les marchés émergents et de proximité.
S’agissant des marchés émergents, le département de promotion a ciblé le marché russe et a décidé de mobiliser une enveloppe de 2 millions d’euros (4 millions de dinars) pour courtiser les touristes russes. Le nouveau ministre, qui vient de visiter la Russie, estime que contrairement aux préjugés, les touristes russes, forts d’un pouvoir d’achat de plus en plus élevé, sont des touristes dépensiers tout autant que les autres touristes.
Quant aux marchés de proximité, le ministre en a cité trois. Il s’agit d’appâter les membres de la colonie tunisienne à l’étranger et de l’encourager à mettre à profit les prochaines vacances estivales et le mois de Ramadhan pour rentrer massivement au bercail et pour y dépenser en devises.
Toujours selon M. Gamra, l’accent sera mis sur l’amélioration d’accueil aux postes frontaliers avec l’Algérie et la Libye pour encourager nos voisins à venir nombreux en Tunisie.
Les marchés traditionnels ne seront pas occultés. La stratégie du nouveau ministre consistera à faire du porte-à-porte auprès des tours-operators français, allemands, italiens et anglais. Parallèlement, il s’agit aussi de rentabiliser au maximum le «last minute» pour remplir les hôtels du pays.
Pour le ministre, le succès de cette stratégie est tributaire de la réunion de quatre facteurs qui ne sont pas toujours de son ressort, en l’occurrence: «l’instauration de la sécurité, l’effort à déployer par les municipalités et collectivités locales en général pour assurer la propreté des plages et des sites, le degré de détermination des professionnels à améliorer la qualité des services touristiques, et enfin, la promotion de la Tunisie en tant que destination touristique confirmée».
A moyen terme, il a insisté sur l’intérêt qu’il y a pour la Tunisie à promouvoir le tourisme des régions et de valoriser tous les produits sur un pied d’égalité. Et pour reprendre ses propres termes, il a déclaré qu’il est inadmissible qu’on continue à promouvoir un bon produit tel que le tourisme saharien comme complément du balnéaire. «Il y va également du tourisme culturel, religieux (El Ghriba), golfique et autres», a-t-il-noté.
A long terme, le ministre a montré également qu’il maîtrise parfaitement son sujet. Tout en reconnaissant le travail de réflexion mené par ses prédécesseurs, il a relevé que son département dispose d’une étude stratégique d’«excellente facture axée sur la promotion de la filière hôtelière, stratégie qui gagnerait, à ses yeux, à être complétée et élargie aux autres produits et services touristiques.
Cela pour dire, in fine, que le nouveau ministre, un technocrate convaincu, s’est très vite adapté à son nouveau contexte de travail et y évolue presque comme un poisson dans l’eau. La pression du temps est parfois bénéfique. Non!